La liturgie du temps pascal nous invite à approfondir l’événement fondateur de notre foi : la résurrection du Christ. Sans elle, notre foi tout comme notre espérance serait « vaine », c’est-à-dire dépourvue de fondement (1 Co 15, 12). A ce propos, saint Augustin écrivait : « La foi des chrétiens est la résurrection du Christ. […] Tout le monde croit que Jésus est mort, même les impies ; mais tout le monde ne croit pas qu’Il est ressuscité, et on n’est pas chrétien si l’on n’y croit pas. »
Croire en la résurrection du Christ va au-delà d’une adhésion intellectuelle au fait historique ; c’est en faire une expérience vivante. Il est possible d’avoir étudié la vie du Christ et d’avoir écrit des livres sur sa résurrection sans pour autant « connaître – c’est-à-dire posséder – le Christ avec la puissance de sa résurrection » (Ph 3, 10). Celui qui est intimement uni au Ressuscité par la foi bénéficie dès maintenant d’une « résurrection du cœur », avant que la « résurrection du corps » ne se réalise au dernier jour, selon l’expression de saint Léon le Grand. Au début de sa première lettre, saint Pierre, nous montre ce qui ressuscite intérieurement : « Dans sa grande miséricorde, Dieu nous a fait renaître pour une vivante espérance grâce à la résurrection de Jésus Christ d’entre les morts » (1 P 1, 3-4). Ainsi, la résurrection ranime dans le cœur du croyant l’espérance, qui est une vie avec Dieu, même au-delà de la mort.
Il est urgent de laisser renaître en nous l’espérance si nous voulons insuffler à notre foi un nouvel élan et la rendre capable de conquérir le cœur de ceux qui nous entourent. Chaque fois que l’espérance renait en nous, un miracle se produit : tout devient autre, même si extérieurement rien ne change. L’espérance ne cesse de mettre sous nos yeux de nouvelles occasions d’accomplir le bien, car il y a toujours quelque chose à faire. Elle est un remède contre la tiédeur et le désespoir. Même dans les situations les plus critiques, quand il paraîtrait qu’il n’y a plus rien à faire, l’espérance nous confie une nouvelle tâche : supporter patiemment l’épreuve, assurés de la présence et du soutien du Seigneur.
Donner l’espérance est la chose la plus belle que l’on puisse faire durant ce mois d’avril. Tout comme, lors de la veillée pascale, nous avons allumé mutuellement nos cierges à partir du cierge pascal allumé par le prêtre, nous sommes appelés à partager les uns avec les autres la lumière de l’espérance. Pour celui qui gît dans les ténèbres du découragement, offrons-lui un motif d’espérer, montrons-lui qu’il y a pour lui une possibilité, afin que renaisse en lui l’espérance et qu’il puisse à nouveau marcher dans la lumière du Ressuscité.
Frère Jérémie.