Auteur/autrice : Père Joseph-Marie

Q/R-Quel sens donner aux chiffres dans la Bible ?

Pour répondre à cette question, nous reproduisons un article du Père Jérôme Martineau, bibliste canadien, ancien directeur de la revue Notre-Dame du Cap, désormais directeur d’une communauté de l’Arche au Québec. Cet article est paru sur le site Interbible.org.

Lorsque nous lisons dans le journal qu’un homme est mort à 38 ans, ou qu’un incendie a ravagé un immeuble de 7 étages, nul d’entre nous n’éprouve de doute concernant la signification de ces chiffres.  Ils expriment avec précision l’âge de cet homme et le nombre d’étages que comportait cet immeuble.  Par contre, si nous lisons dans l’évangile que Jésus a guéri un homme malade depuis 38 ans ou qu’on recueillit 7 corbeilles de morceaux, après la multiplication des pains, les choses sont un peu différentes.  Ici, nous ne sommes plus tellement sûrs que les chiffres correspondent vraiment au nombre d’années durant lesquelles l’homme a été malade, ou à la quantité de corbeilles de pain, ramassées ce jour-là.

     C’est que, pour nous, le chiffre a une signification bien différente de celle qu’il revêtait pour les Orientaux de l’antiquité.  Alors que nous l’utilisons normalement pour préciser la quantité, le chiffre, dans la mentalité biblique, peut désigner trois réalités nettement distinctes, à savoir : la quantité, le symbole et le message gématrique.

Le sens quantitatif

     Le sens premier du chiffre, dans la Bible, est celui des quantités.  En cela, il ne diffère pas de celui auquel nous nous référons couramment. La Bible nous dit, par exemple, que le prophète Élie prédit une sécheresse de 3 ans en Israël, que le roi Josias régna 31 ans à Jérusalem, que Salomon nomma 12 préfets, chargés, chacun durant un mois, d’approvisionner le palais, que Béthanie, le bourg où Jésus ressuscita Lazare, est situé à une distance de 15 stades (3 km), de Jérusalem.  Il est évident qu’ici, aucun de ces chiffres n’a un sens symbolique ou une valeur de message.  Tous se réfèrent purement et simplement au nombre d’années et de personnes, ou à la distance dont il est question dans le texte.

     On peut trouver dans la Bible, bien d’autres chiffres qui, comme ceux-ci, sont utilisés pour nous fournir des informations et des données historiques concrètes, et qui servent uniquement à préciser la quantité.  Pas de confusion possible à ce sujet : ce que dit le chiffre est exactement ce que l’auteur lui-même veut dire.

Le sens symbolique

     Cependant, les chiffres bibliques peuvent avoir un deuxième sens : le sens symbolique.  Un chiffre symbolique est celui qui exprime, non pas une quantité, mais une idée, un message distinct de lui, qui le dépasse et le déborde.

     Il n’est pas toujours possible de savoir pourquoi tel chiffre signifie telle chose.  L’association qui est faite d’une réalité avec l’autre est parfois incompréhensible.  C’est pourquoi ces chiffres ne peuvent être dits rationnels et restent difficiles à interpréter pour nous, occidentaux, prisonniers de la logique.  Mais les Sémites, eux, s’en servent tout naturellement pour transmettre des idées, des messages ou des clefs.

     Bien que la Bible n’explique jamais ce que symbolise chacun des chiffres, les spécialistes ont réussi à découvrir certaines de leurs significations symboliques et ont pu ainsi éclairer de nombreux épisodes bibliques qui, du coup, sont devenus plus compréhensibles.

La valeur symbolique de 1, 2, 3, 4 et 5

Le chiffre 1 symbolise Dieu, qui est unique.  Pour cette raison, il sert à exprimer l’exclusivité, la primauté, l’excellence.  Ainsi quand Jésus répond au jeune homme riche : « Qu’as-tu à m’interroger sur ce qui est bon? Un (1) seul est le Bon. » (Mt 19, 17  Ou encore, quand il dit : « Le Père et moi, nous sommes un (1) » (Jn 10,30).  De même, quand saint Paul déclare : « Il n’y a qu’un (1) seul Seigneur, une (1) seule foi, un (1) seul baptême, un (1) seul Dieu » (Eph 4,5).  Dans tous ces cas, le chiffre 1 symbolise l’environnement divin.

Par contre, le chiffre 2 représente l’homme, en qui il existe toujours une dualité, une division intérieure, conséquence du péché.  Et cela permet de résoudre certaines énigmes contenues dans l’Évangile.  Par exemple, à Jéricho, selon Marc, un seul aveugle, nommé Bartimée, est guéri ; selon saint Matthieu, il y avait 2 aveugles.  Au cours du procès de Jésus, quelques faux témoins se présentèrent, nous dit Marc ; Matthieu, quant à lui, affirme qu’il s’en présenta 2.  Qui dit la vérité?  Tous les deux.  En effet, Marc nous livre la version historique des faits et Matthieu recourt au chiffre symbolique.

Le chiffre 3 exprime la totalité, sans doute parce qu’il y a 3 dimensions du temps : le passé, le présent et l’avenir.  Dire 3 équivaut à dire « la totalité » ou « toujours ».  Ainsi, les 3 fils de Noé représentent la totalité de ses descendants.  Les 3 fois où Pierre renia Jésus symbolisent toutes les fois où Pierre a été infidèle à son Maître.  Les 3 tentations que Jésus subit de la part du diable, représentent toutes les tentations auxquelles il dut faire face, au cours de son existence terrestre.  Et quand l’Ancien Testament appelle Dieu le 3 fois saint, c’est pour signifier qu’il possède la plénitude de la sainteté.

Le chiffre 4, dans la Bible, symbolise le cosmos, le monde, vu qu’il existe 4 points cardinaux.  Aussi, quand on y lit que 4 fleuves arrosaient le jardin d’Eden, cela signifie qu’avant le péché d’Adam et d’Eve, tout le cosmos était un paradis.  Autrement dit, il ne s’agit pas ici d’un endroit déterminé, comme le pensent certains qui continuent à chercher l’Eden quelque part en Orient.  Et quand Ezéchiel demande à l’Esprit de venir des 4 vents pour souffler sur les ossements desséchés, cela ne signifie pas qu’il existe que 4 vents, mais qu’il est fait appel à tous les vents du monde entier.  De même, lorsque l’auteur de l’Apocalypse parle du trône de Dieu, entouré de 4 vivants, il veut dire que Dieu domine le monde et que la Terre toute entière est son trône.

     Le chiffre 5 signifie « quelques-uns », un « certain nombre », une quantité indéterminée.  Ainsi, nous dit-on que Jésus, lors de la multiplication des pains, prend 5 pains (quelques pains); que sur le marché, 5 moineaux (quelques moineaux) se vendent deux sous ; qu’Élizabeth, la mère de Jean-Baptiste, après avoir conçu, se tient cachée dans sa maison durant 5 mois (quelques mois); que la Samaritaine du puits de Jacob avait eu 5 maris (plusieurs maris).  Maintes fois, dans ses paraboles, Jésus emploie le chiffre 5 en lui donnant ce sens indéterminé : les 5 vierges sages et les 5 vierges imprévoyantes, les 5 talents, les 5 paires de boeufs achetés par des invités au banquet, les 5 frères du riche Sybarite.  Et saint Paul, parlant du don des langues, déclare : « Je préfère dire 5 mots (quelques mots) pour instruire les autres que 10 000 en langues ».

La valeur symbolique de 7, le 10 et le 12

Le chiffre 7 a une signification symbolique bien connue de tous.  Il représente la perfection.  C’est pourquoi Jésus dira à Pierre qu’il doit pardonner à son frère jusqu’à 70 fois.  Ce chiffre peut aussi désigner la perfection dans le mal, ou le mal suprême, comme c’est le cas lorsque Jésus enseigne que, si un esprit immonde sort d’un homme, il peut revenir avec 7 autres esprits plus mauvais, ou quand l’Évangile nous apprend que le Seigneur a délivré Magdeleine de 7 démons.

Étant donné qu’il exprime la perfection, ce chiffre apparaît très souvent en relation avec les choses de Dieu.  L’auteur de l’Apocalypse est celui qui y recourt le plus fréquemment : 54 fois, pour décrire symboliquement des réalités divines : les 7 Églises d’Asie, les 7 esprits autour du trône de Dieu, les 7 trompettes, les 7 candélabres, les 7 cornes et les 7 yeux de l’agneau, les 7 tonnerres, les 7 plaies, les 7 coupes déversées.  Nombreux sont ceux qui font erreur, en voyant dans ce chiffre l’expression d’une quantité ou d’un temps réel.

La Tradition chrétienne est restée fidèle à ce symbolisme, en fixant à 7 le nombre de sacrements, des dons du Saint Esprit et des vertus.

Le nombre 10, pour sa part, a une valeur mnémotechnique; en effet, il est facile de se le rappeler, en se référant aux 10 doigts de la main.  C’est ce qui explique qu’on trouve 10 commandements donnés par Dieu à Moïse (peut-être furent-ils plus nombreux), et 10 plaies qui affligèrent l’Egypte.  Pour cette raison, on ne relève que 10 ancêtres entre Adam et Noé, et 10 entre Noé et Abraham, alors que nous savons qu’il y en eut bien davantage.

     Un autre nombre symbolique est le nombre 12.  Il sert à exprimer l’élection.  Ainsi parlera-t-on des 12 tribus d’Israël, bien qu’en fait l’Ancien Testament en signale plus de 12; mais ce qu’on veut signifier, c’est que ces tribus sont élues.  De même, on ramène à 12 le nombre des prophètes mineurs de l’Ancien Testament.  L’Évangile, à son tour, mentionne 12 apôtres de Jésus et les nomme Les Douze, parce qu’ils sont les élus du Seigneur.  On lit également que Jésus assure de tenir à sa disposition 12 légions d’anges.  L’Apocalypse, quant à elle, parlera des 12 étoiles qui couronnent la Femme, des 12 portes de la Jérusalem céleste, des 12 anges et des 12 fruits de l’arbre de Vie.

Autres nombres porteurs de messages

Le nombre 40 a, lui aussi, une valeur symbolique : il représente le remplacement d’une période par une autre ou les années qui constituent la durée d’une génération.  Ainsi le Déluge se prolonge pendant 40 jours et 40 nuits c’est-à-dire le temps du passage à une humanité nouvelle.  Les Israélites séjournent 40 ans dans le désert, le temps nécessaire pour que la génération infidèle soit remplacée par une autre, nouvelle.   Moïse reste 40 jours sur le mont Sinaï et Elie marche durant 40 jours pour y parvenir le temps au terme duquel leurs vies seront modifiées.  Le prophète Jonas passe 40 jours à annoncer la destruction de Ninive afin de donner aux habitants le temps de changer de vie.  Jésus jeûnera 40 jours pour marquer son passage de la vie privée à la vie publique.

Quant au nombre 1000, il désigne une grande quantité, une multitude.  Dans le livre de Daniel, on nous apprend que le roi Balthazar organisa une grande fête, à laquelle prirent part 1000 invités.  Le psaume 90 assure que, pour Dieu, 1000 de nos années sont comme un jour.  Salomon à Gabaon offre 1000 holocaustes et son harem se compose de  1000 femmes.

Parfois ce nombre entre en combinaison avec d’autres.  C’est le cas dans l’Apocalypse, où il est dit qu’à la fin du monde, 144 000 personnes seront sauvées.  Ce nombre résulte de la combinaison suivante : 12 x 12 x 1000, c’est-à-dire, les élus de l’Ancien Testament 12, les élus du Nouveau 12 et la multitude 1000 pour un total de 144 000.

Enfin, on rencontre quelques autres nombres qui ont un sens symbolique mais à un degré moindre.  Par exemple, quand Luc nous dit que Jésus désigne 70 disciples pour les envoyer dans toutes les villes et localités où lui-même devait se rendre, il ne s’agit pas d’un nombre réel mais symbolique, car, selon la Genèse, la somme totale des peuples et nations répartis dans le monde s’élevait à 70.  Luc, homme de mentalité universaliste, en affirmant que Jésus envoya 70 missionnaires, veut simplement dire qu’il leur confie le soin de faire parvenir l’évangile à toutes les nations du monde.

Saint Jean, lui aussi, transmet un message, lorsqu’il nous raconte qu’à l’occasion de la pêche miraculeuse, les apôtres récoltèrent 153 poissons.  Pourquoi tant de soin à noter ce détail sans importance?  Une possibilité est que, dans l’antiquité et dans le milieu de la pêche, on croyait que les mers étaient peuplées de 153 espèces de poissons.  Pour les lecteurs, le message est clair : Jésus est venu pour sauver les hommes de toutes les nations, de toutes les races et de tous les peuples du monde.

Tous les nombres bibliques n’ont cependant pas une valeur symbolique.  Pour chacun d’entre eux, il convient de se demander : ce nombre indique-t-il une quantité ou renferme-t-il un message ?

     Ainsi quand nous lisons que 4 hommes amenèrent le paralytique étendu sur une civière, il est évident que le chiffre 4 n’est pas symbolique, mais traduit une réalité : la civière avec 4 poignées, ce qui était le moyen le plus pratique pour la transporter.  De même, quand il est dit que Paul s’embarqua à Philippes et parvint à Troas 5 jours plus tard, nous ne devons pas voir dans le chiffre 5 un symbole; en effet, à l’époque, c’était bien le temps requis pour effectuer le voyage entre ces deux villes.

Le sens gématrique : un alphabet pour compter

En plus du sens quantitatif et symbolique, le troisième sens qu’un nombre peut avoir dans la Bible est le sens « gématrique ».  Qu’est-ce que cela veut dire? C’est là une particularité des langues hébraïque et grecque. Alors que chez nous on utilise certains signes pour représenter les chiffres (1,2,3) et d’autres signes pour représenter les lettres (a,b,c), l’hébreu et le grec recourent aux lettres mêmes de l’alphabet pour désigner les chiffres. Ainsi, le 1 est la lettre a, le 2 la lettre b, etc.  De sorte qu’avec les lettres d’un mot, quel qu’il soit, on peut toujours former un nombre.  Le nombre ainsi obtenu est qualifié de gématrique.  Cette possibilité qu’offrent les langues bibliques, donne lieu à des jeux ingénieux et des passe-temps originaux, du fait que chaque nombre peut cacher un mot. La Bible fournit maints exemples de ces jeux.

Ainsi, le chapitre 14 de la Genèse raconte l’invasion de la Palestine par quatre armées puissantes, venues de l’Orient, qui emmenèrent, comme prisonnier, Lot, neveu d’Abraham. Quand le patriarche en fut informé, il rassembla 318 hommes, se mit à la poursuite des ravisseurs et parvint à leur infliger une défaite et à libérer Lot. Fort bien. Mais comment imaginer qu’Abraham, ne disposant que de 318 hommes, ait vraiment pu vaincre les quatre puissantes armées de Mésopotamie? Il faut être naïf pour le croire. À moins que ce nombre n’ait une signification spéciale. Effectivement, nous savons qu’Abraham avait un serviteur nommé Eliézer, qu’il avait constitué héritier de tous ses biens. Si nous prenons les nombres qui correspondent aux lettres hébraïques de ce nom, nous obtenons : e=1 + l=30 + i=10 + e=70 + z=7 + r=200 = 318. Ce qui voudrait dire qu’Abraham partit combattre avec tous ses héritiers, et que ces héritiers, autrement dit les descendants du patriarche, triompheront toujours de leurs ennemis.

Le livre des Nombres nous fournit un autre exemple. Il nous raconte qu’à l’occasion de l’Exode, on vit sortir d’Egypte 603 550 hommes, sans compter les lévites, les vieillards, les femmes et les enfants. Si cela est vrai, il faudrait évaluer le nombre de ceux qui quittèrent l’Egypte à quelques trois millions de personnes. Un nombre exorbitant et qui probablement ne fut jamais atteint par la population d’Israël, au cours de toute son histoire. Mais si, aux lettres qui composent la phrase « tous les fils d’Israël », nous substituons les valeurs numériques correspondantes, nous obtenons précisément le nombre 603 550. En disant que 603 550 hommes sortirent, l’auteur entend affirmer que « tous les fils d’Israël » quittèrent l’Égypte.

Saint Matthieu se livre également à cette sorte de jeu. Il répartit les ancêtres de Jésus en trois séries de 14 générations chacune, et il conclut : « Le total des générations est donc : d’Abraham à David, 14 générations ; de David à la déportation de Babylone, 14 générations ; de la déportation de Babylone au Christ, 14 générations ». Voilà qui est impossible. En effet, Matthieu se borne à citer trois noms pour couvrir les 430 ans d’esclavage en Égypte et ne signale que deux ascendants pour combler l’intervalle de trois siècles entre Salomon et Jessé. C’est qu’à dessein, il compose artificiellement ces listes, afin qu’elles se limitent à 14 générations, car 14 est le nombre gématrique du roi David (d=4 + v=6 + d=4 = 14). Et comme on espérait que le Messie serait un descendant de David, l’évangéliste veut démontrer que Jésus est, en quelque sorte, le triple David et donc, le Messie dans sa plénitude, véritable descendant du Roi-Prophète.

Le jeu biblique de gématrie le plus célèbre est celui que l’on trouve dans l’Apocalypse, concernant le chiffre 666, qui est censé désigner la Bête. L’auteur affirme qu’il s’agit là d’un chiffre d’homme. Celui qui se cache derrière ce chiffre n’est autre que l’empereur Néron. En effet, si nous transcrivons : n=50 + r=200 + w=6 + n=50 + q=100 + s=60 + r=200 = 666.

Aucun chrétien ne trouve étrange que la Parole de Dieu se soit faite homme en la personne de Jésus. Moins encore s’étonne-t-il de ce que Jésus ait vécu en homme de son temps. Au contraire, il trouve normal de se le représenter vêtu d’une tunique, comme on en portait au Ier siècle, mangeant les aliments communs à cette époque et utilisant les moyens techniques et de déplacement dont on disposait alors.

Par contre, beaucoup ont peine à admettre que la Bible, qui est aussi la Parole de Dieu, se soit incarnée, si l’on peut dire, dans la culture et la langue du moment.  Ils s’imaginent qu’elle parle comme nous, avec nos expressions et notre mentalité. En fait, il n’en est rien. De même que le Christ est apparu comme un homme d’il y a 2000 ans, ainsi la Bible s’exprime comme les gens d’il y a 2000 ans. S’il serait ridicule de se représenter un Jésus en veston et cravate, circulant en taxi dans Jérusalem et transmettant ses messages par la radio, il ne l’est pas moins d’interpréter la Bible de manière littérale, selon nos catégories mentales, comme le font bien des gens. Nous devons nous situer dans la mentalité et la culture des Juifs de l’époque.

     En conséquence, lorsque en lisant la Bible, nous nous trouvons en face de chiffres ou de nombres, il convient de nous demander s’ils représentent une quantité, ou s’ils ont une signification symbolique ou gématrique. Cela nous permettra de mieux saisir le sens de la Parole de Dieu et, en même temps, le message qu’elle recèle, et qui peut enrichir notre propre vie.

Jérôme Martineau

Nouvelle jauge…

Voici la nouvelle jauge de présence dans les lieux de culte :

« Laisser libres deux sièges entre chaque personne ou entité familiale et n’occuper qu’une rangée sur deux ».

Bien entendu, les autres règles restent nécessaires : port du masque, gel hydroalcoolique, distribution de la communion dans la main.

Obsèques semaine du 30/XI au 06/XII

Lundi 30 novembre, à 10h, obsèques de Mr Claude DEMONTIERS en l’Eglise de Laurens

Mardi 1er décembre, à 10h, Mme Josette LAGUERRE, en l’Eglise St Léonce de Corneilhan

Mardi 1er décembre, à 10h, Mme Marguerite LAUNAY, en l’Eglise St Martial d’Hérépian

Mardi 1er décembre, à 14h30, Mr Jean CAUMETTE, en l’Eglise St Martial d’Hérépian

Mardi 1er décembre, à 15h30, Mme Gaby SOUCAILLE, en l’Eglise St Laurent de Magalas

Mercredi 2 décembre, à 15h, Mr Raymond ROUQUETTE, en l’Eglise de Castanet-le-Bas

Jeudi 3 décembre, à 10h30, Mr Emile SOULAYROL, en l’Eglise de Laurens

Jeudi 3 décembre, à 15h, Mme Odette BROUSQUEL, en l’Eglise de Vinas

Jeudi 3 décembre, à 15h30, Mr Jacques BESSIERE, en l’Eglise de Cabrerolles

Vendredi 4 décembre, à 10h, Mme Etiennette ESCRIG, en l’Eglise de Laurens

Vendredi 4 décembre, à 15h, Mme Blanche AUDOLI, en l’Eglise de Ceihes-Rocozels

Le sens de l’Avent

Voici un commentaire de la liturgie de la Parole de ce 1er dimanche de l’Avent, pour nous aider à approfondir le sens de ce temps liturgique :

Di Av I (B) : Mc 13, 33-37   

1ère lect. : Is 63, 16b-17.19b ; Ps 64, 2b-7 ; 2nd lect. : 1 Co 1, 3-9

1- Avec ce premier dimanche de l’Avent, nous entrons dans cette période de quatre semaines par laquelle commence une nouvelle année liturgique, et qui nous prépare immédiatement à la fête de Noël, mémoire de l’Incarnation du Christ dans l’histoire. Le message spirituel de l’Avent est toutefois plus profond et nous projette déjà vers le retour glorieux du Seigneur, à la fin de l’histoire. Adventus est le terme latin qui pourrait être traduit par « arrivée », « venue », « présence ». Dans le langage du monde antique, il s’agissait d’un terme technique qui indiquait la visite de rois ou d’empereurs dans les provinces, et dont la venue était célébrée solennellement. En adoptant le terme d’Avent, les chrétiens voulaient exprimer la relation particulière qui les unissait au Christ crucifié et ressuscité. L’Avent signifie faire mémoire de la première venue du Seigneur dans la chair, en pensant déjà à son retour définitif dans la gloire, pour juger les vivants et les morts, comme nous le rappelait la fête du Christ-Roi. C’est pourquoi la liturgie de ce premier dimanche de l’Avent reste sous le signe de l’appel à la vigilance que nous avions entendu dimanche passé. L’exhortation est particulièrement marquée dans l’Evangile de Marc, qui martèle par trois fois : « Prenez garde, veillez ; veillez donc ; veillez ! ».

2- Remarquons bien que si le Maître, « en quittant sa maison, a donné tout pouvoir à ses serviteurs et fixé à chacun son travail », il n’a cependant recommandé cette vigilance qu’au seul « portier ». La mission particulière de celui-ci le situe dans une position singulière, à la frontière entre deux espaces :  l’intérieur et l’extérieur. Il partage certes la vie des autres membres de la maisonnée, mais son regard, son attention, sont sans cesse tournés vers l’horizon où le Maître a disparu et d’où il peut ressurgir à chaque instant. Au milieu des multiples activités quotidiennes auxquelles il prend part comme et avec tous les autres, il demeure focalisé sur cet au-delà de ce qui se perçoit immédiatement. Son regard scrute l’invisible et son cœur veille. Il sait que sa mission à lui, c’est d’accueillir le Maître sans le faire attendre ; de le recevoir au nom de tous les serviteurs, qui seront peut-être couchés et endormis « lorsqu’il reviendra à l’improviste, le soir, à minuit, ou au chant du coq ». Le « chant du coq », c’est très probablement une allusion au reniement de Pierre : cette phrase est une mise en garde : si vous n’êtes pas attentifs au jour le jour, il peut vous arriver de me renier sans y prendre garde.

3- Jésus prend soin d’étendre à chacun de nous explicitement l’appel à la vigilance : « Ce que je vous dis là, je le dis à tous : veillez ! ». La vigilance caractérise la mission de tout croyant au cœur de l’humanité. Il faut qu’il soit un veilleur, et par le fait même, un éveilleur, car il veille non seulement pour accueillir son Maître, mais aussi pour avertir ses compagnons de service, les arracher à leur sommeil, les inviter à se préparer à la rencontre. Notre mission rejoint celle que nous confiait Jésus dans l’Evangile du Jugement dernier : il s’agit non seulement de veiller, mais de veiller sur nos frères ; notre mission est de veiller sur la Maison de Dieu et d’y faire entrer tous les hommes.

4- Il faut donc que notre cœur soit enflammé d’un double désir. Le désir d’abord de voir le Maître revenir chez lui : « Reviens pour l’amour de tes serviteurs, soupire le prophète. Ah ! si tu déchirais les cieux, si tu descendais » (1ère lect.). Le désir ensuite de partager cette joie avec les autres serviteurs en les tirant de leur sommeil, afin qu’eux aussi puissent accueillir le Seigneur de gloire. Le secret de cette attitude de vigilance soutenue, c’est bien sûr l’amour de celui dont nous attendons ardemment le retour.

5- Cependant, si nous ne nourrissons notre désir de Dieu que du lointain souvenir de la première venue du Christ Jésus, nous renoncerons vite. L’amour certes donne de la persévérance ; mais l’expérience nous prouve que le désir même le plus ardent ne résiste pas à l’usure de l’attente. Le complément de réponse que nous cherchons pour comprendre le mystère de la fidélité de l’Eglise au long des siècles, se trouve encore dans la première lecture : « Tu es descendu – référence à la première venue ; mais le prophète Isaïe ajoute – « Tu viens – au présent – à la rencontre de celui qui pratique la justice avec joie et qui se souvient de toi en suivant ton chemin ». D’une manière mystérieuse mais bien réelle, Jésus anticipe sans cesse sa venue et répond dès à présent au désir de nos cœurs assoiffés.

Non, nous ne sommes pas seuls, malgré les apparences ou le sentiment qui peut nous envahir certains jours : le Seigneur marche avec nous sur notre route ; l’Esprit veille sur la flamme de notre désir, afin de nous préserver de la lassitude, du découragement, et finalement de la tentation de l’abandon. Jésus en effet a envoyé d’auprès du Père l’Esprit Saint, qui se joint à notre prière, mettant dans nos cœurs et sur nos lèvres le gémissement de l’Epouse : « Maranatha : viens Seigneur » (1 Co 16, 22 ; cf. Ap 22, 17).

6- « Veillez donc » : la vigilance à laquelle le Seigneur nous invite ne s’apparente pas à un regard qui scruterait une route désespérément vide, mais comme une attention particulière aux événements, aux personnes qui nous entourent, afin d’y discerner la présence de Celui qui s’est définitivement fait proche de nous dans la discrétion respectueuse de la charité.

« Veiller signifie suivre le Seigneur, choisir ce qu’il a choisi, aimer ce qu’il a aimé, conformer sa vie à la sienne ; veiller signifie vivre notre temps ici-bas dans l’horizon de son amour, sans se laisser abattre par les inévitables difficultés et problèmes quotidiens » (Benoît XVI).

7- Pour cela, il est indispensable de consacrer plus de temps à la prière personnelle, à ce dialogue du cœur à cœur avec Dieu, à ces moments où « Je me tais ; je l’écoute ; je l’aime » (Elisabeth de La Trinité) ; c’est-à-dire : « Je me tais pour écouter ta Parole, et y découvrir ta présence, qui me fera t’aimer ». Benoît XVI écrivait encore que « le but de l’année liturgique est de rappeler sans cesse les mémoires de l’histoire sainte, de réveiller la mémoire du Cœur afin de pouvoir discerner l’étoile de l’espérance. Voilà la belle tâche de l’Avent : réveiller en nous les mémoires des bontés de Dieu et ouvrir ainsi les portes de l’espérance ». Puissions-nous reprendre des forces dans cette Eucharistie que nous allons partager ; que la présence de Celui qui a voulu se faire notre Pain quotidien sur la route qui conduit jusqu’à lui, renouvelle notre foi, fortifie notre espérance et ravive la flamme du saint désir de sa venue définitive dans la gloire.

Attendre…avec patience !

       Ce n’est peut-être pas notre qualité première (je devrais dire « vertu »), tant le temps nous paraît souvent figé dans nos attentes, soit de quelqu’un, d’un événement, d’une information, d’une parole, qui apporteront un changement – voire un bouleversement – dans notre vie.

       Pourtant, l’attente – bulle de temps suspendu -, même si elle est vécue avec         une certaine tension, peut nous offrir un moment de réflexion, de mise au point,  pour nous tenir prêts à accueillir l’attendu, comme l’inattendu ; elle est         l’impatience de la joie à venir ou l’anxiété face aux difficultés d’événements     familiaux, de travail, de santé.

       L’attente nous permet de dégager l’essentiel.

         «  L’attente fait grandir les beaux désirs. Si l’attente les fait tomber, ce    n’était pas de grands désirs » (St Grégoire le Grand ). L’attente nous ramène sans cesse au présent, en nous invitant à la vigilance, pour ne pas rater le moment-clé qui est la rencontre, la découverte.

         Avons-nous conscience que Dieu Lui-même est dans l’attente ? Sans  cesse , Il nous appelle, nous interpelle , nous invite. Il est là et je le savais pas nous dit Saint Augustin. Pour se rendre visible, Il n’hésite pas à se faire tout-  petit pour attirer notre attention, nous émerveiller. Un bébé , c’est tellement plus  accessible qu’un Dieu tout-puissant !.

         Cessons d’attendre Celui qui est au cœur de nos vies. Que notre impatience soit celle de L’accueillir, de Le suivre, de L’aimer.

« Tant qu’il y a de la nuit dans le monde, quelque part,

il faut être là pour veiller.

Attendre Celui qui vient comme la LUMIERE »

  ( Bx Christian de Chergé )      

        Allumons nos bougies de l’Avent !

        Jour de joie aujourd’hui sur terre !

Joyeux Noël !

                                                                                                    M.Camus( 12/2020)