Lettre pastorale janv.

anmisericordeTrès chers amis,

Il y a à peine quatre mois que nous cheminons ensemble, et il me semble que déjà vous m’avez pleinement intégré dans votre famille paroissiale, qui est aussi devenue la mienne. Merci de votre accueil chaleureux et de votre disponibilité pour m’introduire dans les infrastructures et dans les communautés locales de notre grande paroisse !

1- Un des points délicats de ce premier trimestre a été la décision d’arrêter la célébration des Assemblées Dominicales en Attente de Prêtre (ADAP) – sauf bien sûr circonstances exceptionnelles et ponctuelles. Je vous avais précisé qu’il ne s’agissait pas d’un choix personnel de ma part, mais d’une décision de notre Archevêque. Cependant je veux bien revenir sur le sujet, puisque plusieurs d’entre vous m’ont demandé de le faire. Vous vous êtes sans doute étonnés qu’une pratique encouragée il y a vingt ans par les curés successifs, soit si fortement limitée de nos jours ? La raison est à la fois théologique et pastorale. De même que l’Église dans son ensemble naît de la célébration eucharistique – « L’Eucharistie fait l’Église et l’Église fait l’Eucharistie » – ainsi notre communauté paroissiale naît-elle de la célébration dominicale qui nous rassemble autour de l’autel où est célébré le mémorial de la Pâque du Seigneur. Le Concile nous le rappelait : la célébration Eucharistique est « la source et le sommet de toute la vie chrétienne » (Constitution dogmatique sur l’Église : Lumen Gentium, 11) et de la mission de l’Église.

Si les Évêques de France ont mis un frein à la multiplication des ADAP, c’est afin d’éviter que les fidèles finissent par ne plus percevoir la différence entre la célébration de l’Eucharistie (« la Sainte Messe »), et une célébration de la Parole au cours de laquelle ils peuvent communier. Je sais bien que dans ces conditions, les personnes âgées, handicapées ou malades, qui ne se sentent plus la force de participer au covoiturage, risquent fort de « jeûner » d’Eucharistie. Comment ne pas le regretter ?

Cette situation n’est cependant pas propre à ND des Lumières : elle se retrouve hélas dans toutes les paroisses de France et de Navarre. C’est bien pourquoi je m’efforce de créer des équipes de SEM (Service Évangélique des Malades), chargées de visiter les malades et les personnes âgées, et de porter la communion à domicile aux fidèles qui ne sont pas en état de rejoindre le clocher où la communauté célèbre l’Eucharistie dominicale. J’espère pouvoir rassembler en cours d’année tous ceux parmi vous qui assurent déjà ce service ou qui entendent l’appel à le faire. Il s’agit d’un vrai ministère, que nul ne peut s’attribuer à soi-même, mais qui nécessite une formation et un envoi.

2- Faisons un pas de plus. Nous venons de le dire : nous arrêtons la pratique courante des ADAP par obéissance à notre Archevêque. Dès lors, pourquoi ne pas poursuivre dans l’exercice de cette belle vertu ? Voilà trois ans déjà que Mgr Carré nous invite avec une insistance répétée, à fonder des « Fraternités missionnaires » locales. Il s’agit de communautés fraternelles qui se réunissent à leur rythme pour un temps de convivialité et de prière incluant le partage de la Parole, qui portent le souci les uns des autres et du service de la communauté paroissiale locale, tout en demeurant attentifs aux appels du Seigneur pour l’annonce de l’Évangile. Ces Fraternités missionnaires ont vocation d’être de petits Cénacles qui entretiennent la flamme de l’amour de Dieu et du prochain au cœur de la vie paroissiale locale. Elles pourraient se charger de préparer les célébrations eucharistiques lorsqu’elles ont lieu dans leur clocher, s’organiser pour subvenir aux besoins de ceux qui sont en difficulté, visiter les malades, les familles en deuil, voire préparer les obsèques (une formation à ce ministère sera bientôt proposée). Ces Fraternités pourraient remplacer avantageusement les rassemblements autour des anciennes ADAP, et pourraient bien sûr être suscitées dans tous les clochers de la paroisse. C’est en tout cas mon vœu le plus cher, et le souhait sous forme d’invitation que je vous adresse en cette Année Jubilaire de la Miséricorde : puissions-nous voir fleurir dans notre paroisse des Fraternités missionnaires, qui soient dans chaque clocher des « Oasis de la Miséricorde » (Pape François) !

3- Un dernier point. Nous entrons dans une Année Jubilaire de la Miséricorde, cet Attribut divin qui nous révèle en Jésus-Christ le vrai visage de notre Dieu, afin d’en témoigner de manière convaincante dans notre monde si dur, indifférent, violent. Il nous faut donc être particulièrement vigilants à ne pas donner de contre-témoignage au sein même de notre communauté paroissiale, en diffusant ou en colportant des rumeurs, qui sont souvent hélas des médisances, voire des calomnies. Le dia-bolos, le diviseur, se sert de ces failles pour distiller son poison de la défiance et briser l’unité de la communauté. Vous avez peut-être appris que votre curé est « misogyne et intégriste ». Il vaut mieux en rire J ! Mais de grâce : si mes paroles ou mon comportement vous ont étonnés, voire choqués, « ne portez pas de jugement prématuré » (1 Co 4,5), mais venez m’en parler : je suis tout disposé à vous expliquer la raison de mes propos ou de mon attitude, et à vous demander pardon si je vous ai blessés. Comme nous y exhorte le Pape François, tout spécialement en cette année Jubilaire : pour être « Miséricordieux comme le Père » (devise de l’Année Jubilaire), nous devons « faire passer la miséricorde avant le jugement » (Homélie du 08.XII). Ceci vaut bien sûr pour toutes nos relations au sein de la paroisse : combattons vigoureusement les soupçons et la zizanie en privilégiant l’ouverture et le dialogue, comme il convient entre membres d’une même famille, et enfants d’un même Père.

Je termine par cette belle exhortation de Saint Paul, qui pourrait nous servir de feuille de route pour l’Année :

« Puisque vous avez été choisis par Dieu, que vous êtes sanctifiés, aimés par lui, revêtez-vous de tendresse et de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur et de patience. Supportez-vous les uns les autres, et pardonnez-vous mutuellement si vous avez des reproches à vous faire. Le Seigneur vous a pardonné : faites de même. Par-dessus tout cela, ayez l’amour, qui est le lien le plus parfait. Et que, dans vos cœurs, règne la paix du Christ à laquelle vous avez été appelés, vous qui formez un seul corps. Vivez dans l’action de grâce » (Col 3, 12-15).

Votre serviteur, frère, ami, et curé,

Père Joseph-Marie

Lettre pastorale n°1 janvier 2016

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