KTQ : VIVRE DE LA VIE MÊME DE DIEU (10)

Essayons d’approfondir le mystère de notre participation à la vie divine.

Dieu ne pouvait pas se résoudre à ce que nous soyons pour toujours séparés de lui, et que notre pauvre vie s’abîme dans la mort. Aussi a-t-il pris chair de notre chair pour partager notre condition humaine jusque dans les ultimes conséquences du péché, et faire jaillir sa lumière et sa vie au cœur même de nos ténèbres et de notre mort.

Col 1, 21-23 : « Vous étiez jadis étrangers à Dieu, et même ses ennemis, par vos pensées et vos actes mauvais. Mais maintenant, Dieu vous a réconciliés avec lui, dans le corps du Christ, son corps de chair, par sa mort, afin de vous introduire en sa présence, saints, immaculés, irréprochables. Cela se réalise si vous restez solidement fondés dans la foi, sans vous détourner de l’espérance que vous avez reçue en écoutant l’Évangile proclamé à toute créature sous le ciel. »

Sa résurrection inaugure l’humanité nouvelle, réconciliée avec Dieu et vivant de sa vie :

Col 1, 12-20 : « Dans la joie, vous rendrez grâce à Dieu le Père, qui vous a rendus capables d’avoir part à l’héritage des saints, dans la lumière. Nous arrachant au  pouvoir des ténèbres, il nous a placés dans le Royaume de son Fils bien-aimé : en lui nous avons la rédemption, le pardon des péchés. Car Dieu a jugé bon qu’habite en lui toute plénitude et que tout, par le Christ, lui soit enfin réconcilié, faisant la paix par le sang de sa Croix, la paix pour tous les êtres sur la terre et dans le ciel. »

Être « sauvé », c’est vivre de la vie du Christ ressuscité, qui s’est uni à notre humanité pour nous donner part à sa nature divine : 

2 P 1,4 : « Dieu vous a accordé les dons promis, si précieux et si grands, pour que, par eux, vous deveniez participants de la nature divine. » Par sa Passion d’amour, Jésus a réconcilié avec Dieu, l’humanité qu’il récapitule en lui. Comme il est la Tête du Corps que constitue cette humanité, la grâce du salut s’écoule de cette Tête dans le Corps tout entier, rendant participants de la nature divine ceux  qui accueillent dans la foi, le mystère de leur salut. Dès lors, le Dieu et Père de Jésus devient aussi notre Père (Jn 20,17).

Au moment de mélanger l’eau et le vin dans le calice pour l’Eucharistie, le prêtre dit :

« Comme cette eau se mêle au vin pour le sacrifice de l’Alliance, puissions-nous participer à la divinité de celui qui a voulu prendre notre humanité. »

Tel est le mystérieux échange dans lequel le Seigneur lui-même nous invite à entrer par la foi :

Jn 11, 25-26 : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? »

La foi nous unit au Christ ressuscité avec qui nous ne faisons plus qu’un : nous lui permettons d’assumer notre humanité, pour qu’il y déverse sa vie divine, sa vie filiale, de sorte que nous devenions des fils adoptifs dans le Fils unique :

Ga 3,26 : « Tous, dans le Christ Jésus, vous êtes fils de Dieu par la foi. »

C’est précisément par le baptême que s’accomplit ce mystère de la participation à la vie filiale du Christ Jésus, comme le précise le verset suivant :

Ga 3, 27-28 : « En effet, vous tous que le baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ ; il n’y a plus ni juif ni grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus l’homme et la femme, car tous, vous ne faites plus qu’un dans le Christ Jésus. »

Être baptisé, c’est ne plus faire qu’un avec le Christ et entre nous :

Jn 15, 4-5 : « Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut pas porter de fruit par lui-même s’il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi. Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. »

Le baptême nous incorpore dans l’unité du Corps du Christ, qui est l’Eglise:

Col 1,18 : « Il est la tête du Corps, la tête de l’Église : c’est lui le commencement, le premier-né d’entre les morts, afin qu’il ait en tout la primauté. » 

Demeurer dans le Christ signifie vivre de sa vie, ce qui suppose de naître à la vie nouvelle de l’Esprit, qui est la vie même de Dieu, participée par notre humanité :

Jn 3, 5-6 : « Amen, amen, je te le dis : personne, à moins de naître de l’eau et de l’Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair ; ce qui est né de l’Esprit est esprit. »

La vie baptismale est (ou devrait être) une vie dans la seigneurie de l’Esprit Saint, que Jésus nous avait promis avant d’entrer dans sa Passion :

Jn 14, 16-20 : « Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : l’Esprit de vérité, lui que le monde ne peut recevoir, car il ne le voit pas et ne le connaît pas ; vous, vous le connaissez, car il demeure auprès de vous, et il sera en vous. Je ne vous laisserai pas orphelins, je reviens vers vous. D’ici peu de temps, le monde ne me verra plus, mais vous, vous me verrez vivant, et vous vivrez aussi. En ce jour-là, vous reconnaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi, et moi en vous. »

L’Esprit Saint, l’Esprit de gloire, est l’éternelle étreinte d’amour du Père et du Fils, qui nous fait connaitre le Christ ressuscité, nous unit à lui, et par lui au Père :

Jn 17, 20-21 : « Je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là, mais encore pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi. Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. »

L’Eglise est la « famille de Dieu », qui rassemble tous les baptisés, vivants de la vie du Père et du Fils dans l’Esprit :

Ep 2,19 : « Ainsi donc, vous n’êtes plus des étrangers ni des gens de passage, vous êtes concitoyens des saints, vous êtes membres de la famille de Dieu. »

Dans notre prochaine méditation, nous approfondirons la vie baptismale comme vie dans l’Esprit :

Ga 4,6 : « La preuve que vous êtes des fils : Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos cœurs, et cet Esprit crie  “Abba ! ” ,  c’est-à-dire : Père ! »