Le Dieu chrétien n’est pas d’abord le Dieu d’un livre, mais le Dieu vivant, et le Dieu des vivants qu’il fait vivre, dont la Bible rapporte le témoignage :
Ex 3,4.6 : « Dieu l’appela du milieu du buisson : “Moïse ! Moïse ! ” Il dit : “Me voici ! ” Et il déclara : “Je suis le Dieu de ton père, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob”. »
Dieu ne dit pas qu’il est le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, car il est personnellement et directement le père de chacun de ses enfants.
Jésus reprendra ce passage dans sa discussion avec les saducéens sur la résurrection :
Mt 22, 31-32 : « Au sujet de la résurrection des morts, n’avez-vous pas lu ce qui vous a été dit par Dieu : Moi, je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob ? Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. »
Un Dieu proche, compatissant, comme le souligne la suite du récit du Buisson ardent :
Ex 3, 7-10 : « Le Seigneur dit : “J’ai vu, oui, j’ai vu la misère de mon peuple qui est en Égypte, et j’ai entendu ses cris sous les coups des surveillants. Oui, je connais ses souffrances. Je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens et le faire monter de ce pays vers un beau et vaste pays, vers un pays, ruisselant de lait et de miel, vers le lieu où vivent le Cananéen, le Hittite, l’Amorite, le Perizzite, le Hivvite et le Jébuséen. Maintenant, le cri des fils d’Israël est parvenu jusqu’à moi, et j’ai vu l’oppression que leur font subir les Égyptiens. Maintenant donc, va ! Je t’envoie chez Pharaon : tu feras sortir d’Égypte mon peuple, les fils d’Israël”. »
Notre Dieu voit la misère de ses enfants, entend leurs cris, connais leurs souffrances, car il est descendu en son Fils Jésus-Christ assumer nos souffrances y compris notre mort, pour nous délivrer de l’esclavage du péché, pour nous rendre participants de sa résurrection, nous donner part à sa nature divine dans l’Esprit de vie.
Lorsque Moïse lui demande son Nom, la réponse de Dieu demeure énigmatique :
Ex 3,14 : « Dieu dit à Moïse : “Je suis qui je suis. Tu parleras ainsi aux fils d’Israël : Celui qui m’a envoyé vers vous, c’est : JE-SUIS”. »
On peut interpréter ce verset comme un refus de la part de Dieu de donner son Nom qui est ineffable et mystérieux (le Nom représente la Personne).
On peut aussi interpréter cette réponse en un sens ontologique : Dieu source de tout ce qui existe, et qui n’a besoin de nul autre pour exister – la tradition patristique développera cet aspect.
Mais on peut aussi entendre cette mystérieuse dénomination dans un sens plus existentiel, et probablement plus proche de la mentalité sémite : « Je suis celui qui était avec vous, qui est avec vous, et qui sera toujours fidèlement avec vous ».
Ce qui se réalise pleinement en Jésus, l’Emmanuel, Dieu-avec-nous :
Mt 28,20 : « Moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »
Un Dieu qui nous est proche non seulement en tant que source de notre existence (le Dieu Créateur, Cause première nécessairement présente à son effet), mais proche dans une relation personnelle d’amour, de tendresse, de miséricorde :
Ex 34, 6-7 : « LE SEIGNEUR, LE SEIGNEUR, Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de vérité, qui garde sa fidélité jusqu’à la millième génération, supporte faute, transgression et péché. »
Un Dieu qui ne se lasse pas de nous déclarer son amour pour que nous osions venir à lui :
« Ainsi parle le Seigneur, lui qui t’a créé et t’a façonné :
Ne crains pas, car je t’ai racheté, je t’ai appelé par ton nom, tu es à moi.
Je suis le Seigneur ton Dieu, le Saint d’Israël, ton Sauveur.
Tu as du prix à mes yeux, tu as de la valeur pour moi et moi je t’aime.
Ne crains pas, car je suis avec toi.
Je répandrai l’eau sur ce qui est assoiffé, des ruisseaux sur la terre desséchée.
Je répandrai mon esprit sur ta postérité, ma bénédiction sur tes descendants.
Ils grandiront comme en un pré verdoyant,
comme les peupliers au bord des eaux courantes.
Une femme peut-elle oublier son nourrisson,
ne plus avoir de tendresse pour le fils de ses entrailles ?
Même si elle l’oubliait, moi, je ne t’oublierai pas.
Car j’ai gravé ton nom sur les paumes de mes mains » (Is 43,1.3-5 ; 44,3-4 ; 49,15-16).