Auteur/autrice : Père Joseph-Marie

Q/R-Que veut dire « Baal » ?

Baal est une divinité païenne (une idole) que les Israélites ont découvertes en entrant en Terre de Canaan (terre promise).

Il s’agit d’une divinité de la fécondité. Comme toutes les divinités de la fécondité, elles sont parèdres (couple de divinités) : le « mâle » est Baal, la « femelle » est Astarté (Ashéra).

Pour attirer la fécondité sur les troupeaux et les champs, on pratiquait la hiérogamie (prostitution sacrée) dans des lieux surélevés réservés à cette activité et reconnaissables de loin à la stèle plantée au sommet des collines.

Voilà pourquoi les prophètes fulminaient contre ceux qui s’approchaient des stèles :

Jr 19, 4-5 : « Ils m’ont abandonné ; ils ont rendu ce lieu méconnaissable ; ils y ont brûlé de l’encens pour d’autres dieux que ni eux, ni leurs pères, ni les rois de Juda n’avaient connus ; ils l’ont rempli du sang des innocents. Ils ont édifié les lieux sacrés du dieu Baal, pour consumer par le feu leurs fils en holocauste à Baal : cela, je ne l’avais pas ordonné, je ne l’avais pas dit, ce n’était pas venu à mon esprit ! »

Dt 23,18 : « Il n’y aura pas de courtisane sacrée parmi les filles d’Israël, ni de prostitué sacré parmi les fils d’Israël. »

2 R 23, 3-7 : « Debout sur l’estrade, le roi Josias conclut l’Alliance en présence du Seigneur. Il s’engageait à suivre le Seigneur en observant ses commandements, ses édits et ses décrets, de tout son cœur et de toute son âme, accomplissant ainsi les paroles de l’Alliance inscrites dans ce livre. Et tout le peuple s’engagea dans l’Alliance. Alors le roi donna l’ordre à Helcias, le grand-prêtre, aux prêtres en second et aux gardiens du seuil de faire sortir du temple du Seigneur tous les objets qui avaient été faits pour Baal, pour Ashéra et pour toute l’armée des cieux ; il les fit brûler en dehors de Jérusalem, dans les champs du Cédron, et on porta leur cendre à Béthel. Il supprima les prêtres indignes que les rois de Juda avaient établis pour brûler de l’encens sur les lieux sacrés des villes de Juda et aux environs de Jérusalem. Il supprima également ceux qui brûlaient de l’encens en l’honneur de Baal, du Soleil, de la Lune, des Constellations et de toute l’armée des cieux. Le Poteau sacré, on le transporta de la maison du Seigneur, hors de Jérusalem, au ravin du Cédron, et on le brûla dans le ravin du Cédron. On le réduisit en poussière et on jeta la poussière dans la fosse commune. Dans la maison du Seigneur, il démolit les lieux où se pratiquait la prostitution sacrée, là où les femmes tissaient pour habiller Ashéra. »

KTQ-Un Dieu ami des hommes (2)

Le Dieu chrétien n’est pas d’abord le Dieu d’un livre, mais le Dieu vivant, et le Dieu des vivants qu’il fait vivre, dont la Bible rapporte le témoignage :

Ex 3,4.6 : « Dieu l’appela du milieu du buisson : “Moïse ! Moïse ! ” Il dit : “Me voici ! ” Et il déclara : “Je suis le Dieu de ton père, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob”. »

Dieu ne dit pas qu’il est le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, car il est personnellement et directement le père de chacun de ses enfants.

Jésus reprendra ce passage dans sa discussion avec les saducéens sur la résurrection :

Mt 22, 31-32 : « Au sujet de la résurrection des morts, n’avez-vous pas lu ce qui vous a été dit par Dieu : Moi, je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob ? Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. »

Un Dieu proche, compatissant, comme le souligne la suite du récit du Buisson ardent :

Ex 3, 7-10 : « Le Seigneur dit : “J’ai vu, oui, j’ai vu la misère de mon peuple qui est en Égypte, et j’ai entendu ses cris sous les coups des surveillants. Oui, je connais ses souffrancesJe suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens et le faire monter de ce pays vers un beau et vaste pays, vers un pays, ruisselant de lait et de miel, vers le lieu où vivent le Cananéen, le Hittite, l’Amorite, le Perizzite, le Hivvite et le Jébuséen. Maintenant, le cri des fils d’Israël est parvenu jusqu’à moi, et j’ai vu l’oppression que leur font subir les Égyptiens. Maintenant donc, va ! Je t’envoie chez Pharaon : tu feras sortir d’Égypte mon peuple, les fils d’Israël”. »

Notre Dieu voit la misère de ses enfants, entend leurs cris, connais leurs souffrances, car il est descendu en son Fils Jésus-Christ assumer nos souffrances y compris notre mort, pour nous délivrer de l’esclavage du péché, pour nous rendre participants de sa résurrection, nous donner part à sa nature divine dans l’Esprit de vie.

Lorsque Moïse lui demande son Nom, la réponse de Dieu demeure énigmatique :

Ex 3,14 : « Dieu dit à Moïse : “Je suis qui je suis. Tu parleras ainsi aux fils d’Israël : Celui qui m’a envoyé vers vous, c’est : JE-SUIS”. »

On peut interpréter ce verset comme un refus de la part de Dieu de donner son Nom qui est ineffable et mystérieux (le Nom représente la Personne).

On peut aussi interpréter cette réponse en un sens ontologique : Dieu source de tout ce qui existe, et qui n’a besoin de nul autre pour exister – la tradition patristique développera cet aspect.

Mais on peut aussi entendre cette mystérieuse dénomination dans un sens plus existentiel, et probablement plus proche de la mentalité sémite : « Je suis celui qui était avec vous, qui est avec vous, et qui sera toujours fidèlement avec vous ».

Ce qui se réalise pleinement en Jésus, l’Emmanuel, Dieu-avec-nous :

Mt 28,20 : « Moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »

Un Dieu qui nous est proche non seulement en tant que source de notre existence (le Dieu Créateur, Cause première nécessairement présente à son effet), mais proche dans une relation personnelle d’amour, de tendresse, de miséricorde :

Ex 34, 6-7 : « LE SEIGNEUR, LE SEIGNEUR, Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de vérité, qui garde sa fidélité jusqu’à la millième génération, supporte faute, transgression et péché. »

Un Dieu qui ne se lasse pas de nous déclarer son amour pour que nous osions venir à lui :

« Ainsi parle le Seigneur, lui qui t’a créé et t’a façonné :

Ne crains pas, car je t’ai racheté, je t’ai appelé par ton nom, tu es à moi.

Je suis le Seigneur ton Dieu, le Saint d’Israël, ton Sauveur.

Tu as du prix à mes yeux, tu as de la valeur pour moi et moi je t’aime.

Ne crains pas, car je suis avec toi.

Je répandrai l’eau sur ce qui est assoiffé, des ruisseaux sur la terre desséchée.

Je répandrai mon esprit sur ta postérité, ma bénédiction sur tes descendants.

Ils grandiront comme en un pré verdoyant,

comme les peupliers au bord des eaux courantes.

Une femme peut-elle oublier son nourrisson,

ne plus avoir de tendresse pour le fils de ses entrailles ?

Même si elle l’oubliait, moi, je ne t’oublierai pas.

Car j’ai gravé ton nom sur les paumes de mes mains » (Is 43,1.3-5 ; 44,3-4 ; 49,15-16).

Q/R-Comment comprendre Ex 4, 24-26 ?

Ex 4, 24-26 : « Or, en cours de route, au campement de nuit, le Seigneur rencontra Moïse et chercha à le faire mourir. Cippora, sa femme, prit un silex, coupa le prépuce de son fils, en toucha le sexe de Moïse et dit : “Tu es pour moi un époux de sang”. Alors Dieu s’éloigna de Moïse. Cippora avait parlé d’“époux de sang” à cause des circoncisions. »

La circoncision est le signe de l’alliance que Dieu a conclue avec Abraham :

Gn 17, 9-13 : « Dieu dit à Abraham : “Toi, tu observeras mon alliance, toi et ta descendance après toi, de génération en génération. Et voici l’alliance qui sera observée entre moi et vous, c’est-à-dire toi et ta descendance après toi : tous vos enfants mâles seront circoncis. La chair de votre prépuce sera circoncise, et cela deviendra le signe de l’alliance entre moi et vous. À chaque génération, tous vos enfants mâles âgés de huit jours seront circoncis. Inscrite dans votre chair, mon alliance deviendra une alliance éternelle. »

Bien plus tard, Moïse est né dans le peuple de l’Alliance. A en juger à la remarque de la fille du Pharaon qui le sauve des eaux : « C’est un enfant des hébreux ! » (Ex 2, 5-6), il a été circoncis, comme tous les enfants hébreux.

On sait qu’ensuite Moïse vécu dans diverses traditions culturelles et religieuses : la cour de Pharaon (Ex 2,10), puis la tribu madianite (Ex 2,15s) où il choisit une épouse (Ex 2,21).

Le chapitre 4 nous raconte l’appel de Moïse, chargé par Dieu de délivrer son peuple de la terre d’Egypte (Récit du buisson ardent : Ex 3, 4-10). Après avoir essayé en vain d’échapper à son élection, Moïse accepte et quitte le pays de Madiane pour se rendre en Egypte, accompagné de son épouse Cippora.

Devenu l’émissaire de Dieu en faveur de son peuple, il convenait que Moïse observe pleinement les commandements du Seigneur. Or, comme il avait été séparé de son peuple pendant une longue période et immergé dans d’autres cultures, il avait omis de circoncire son fils, et se trouvait ainsi, lui et sa famille, hors de l’Alliance.

Il est certain qu’il ne faut pas prendre littéralement « le Seigneur chercha à faire mourir Moïse » : ce serait contradictoire avec son élection préalable, et avec la relation intime que Dieu va nouer avec celui qui reste pour la tradition juive le modèle des patriarches et des prophètes. Certes, « quelque chose » doit mourir en Moïse : à savoir les identités d’emprunt, les appartenances religieuses étrangères à l’Alliance, auxquelles il a consenti durant ses pérégrinations. Il faut qu’il revienne au Dieu de ses Pères, qu’il soit tout entier au Seigneur, dans une confiance sans partage, pour que Celui-ci puisse librement agir à travers lui.

Or c’est son épouse qui accomplit à la place de son mari ce qu’il aurait dû faire, en coupant le prépuce de son fils et par le fait même, en réintégrant toute sa famille dans l’Alliance – ce que veut signifier l’expression « époux de sang ».

Que nous apprend ce passage ?

Que nous aussi nous avons à mourir à nos duplicités, à nos doubles appartenances – au monde et à Dieu -, qui empêchent le Seigneur de déployer dans nos vies « la vigueur de sa force » (Ep 6,10).

Nous avons été rachetés gratuitement au prix du Sang que le Fils de Dieu a versé pour nous, « le Sang de l’Alliance nouvelle et éternelle » ; nous avons reçu la véritable circoncision, dont celle dans la chair n’était que la préfiguration :

Rm 2, 28-29 : « Ce n’est pas ce qui est visible qui fait le Juif, ce n’est pas la marque visible dans la chair qui fait la circoncision ; mais c’est ce qui est caché qui fait le Juif : sa circoncision est celle du cœur, selon l’Esprit et non selon la lettre, et sa louange ne vient pas des hommes, mais de Dieu. »

Mais il nous incombe de demeurer dans cette Alliance en ne vivant plus selon la chair, mais dans la nouveauté de l’Esprit :

Rm 6,4 : « Si donc, par le baptême qui nous unit à sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c’est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, comme le Christ qui, par la toute-puissance du Père, est ressuscité d’entre les morts. »

 

Q/R-Que signifie « Jésus est le premier des ressuscités » ?

« Être ressuscité », cela signifie vivre dans l’intégralité de notre être (y compris notre corps) de la Vie même de Dieu.

Et comme la Vie de Dieu est éternelle (sans commencement ni fin), cela signifie devenir immortel (ne connaissant plus la mort) par le fait même que nous participons à la Vie de Dieu.

Avant la venue du Christ, et depuis le péché originel, nous ne vivions plus que d’une simple vie naturelle, que nous aurons tous à déposer le jour de notre mort. Mais Jésus est précisément venu pour que nous puissions à nouveau accéder à la grâce, ce qui est un autre mot pour dire : participer à la Vie divine.

Le Verbe de Dieu, vivant de la Vie même de Dieu son Père, a assumé notre humanité mortelle, pour la rendre à nouveau capable d’accueillir la Vie filiale divine que nous avions perdue en nous détournant de Dieu notre Père.

Mais bien sûr, pour que notre humanité soit en état de recevoir cette Vie divine, il fallait qu’elle soit au préalable purifiée du péché, ce que Jésus a réalisé par sa Passion d’amour, nous aimant plus fort que toute la haine du monde qui se déchainait contre lui, et à laquelle nous avons participé par notre péché.

Aussi au matin de Pâque, lorsqu’il sort du tombeau, Jésus ne revient pas comme Lazare à une vie naturelle : il vit dans tout son être, y compris son corps, de la Vie même de Dieu, et ne peut donc plus mourir. Il était de toute éternité uni au Père dans l’Esprit en tant que Verbe ; maintenant il est uni au Père dans l’Esprit en tant que Verbe incarné : la chair assumée, purifiée, sanctifiée, est en quelque sorte entrée dans la Trinité.

Ce qui signifie que Lazare n’est pas « ressuscité », même si nous employons (à tort) ce vocable : il est simplement revenu à la vie naturelle, qu’il devra déposer un jour ou l’autre. Il ressuscitera au dernier Jour, lorsque le Christ viendra accomplir toutes choses, et que la création toute entière deviendra participante de la nature divine, puisque tel est bien le projet de Dieu :

Rm 8, 19-23 : « La création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu. Car la création a été soumise au pouvoir du néant, non pas de son plein gré, mais à cause de celui qui l’a livrée à ce pouvoir. Pourtant, elle a gardé l’espérance d’être, elle aussi, libérée de l’esclavage de la dégradation, pour connaître la liberté de la gloire donnée aux enfants de Dieu. Nous le savons bien, la création tout entière gémit, elle passe par les douleurs d’un enfantement qui dure encore. »

Quand le Seigneur dit dans l’Apocalypse : « Voici je fais toutes choses nouvelles » (Ap 21,5), il signifie que par le Christ, il sanctifie la création jusque dans la dimension matérielle ; et cette transformation est si radicale, qu’elle est comparée par Saint Paul à une nouvelle création.

Ainsi le Corps du Christ ressuscité est un Corps « glorieux » ou encore « spirituel » ; c’est le même corps que celui qu’il a reçu de la Vierge Marie, mais pleinement transfiguré par l’Esprit Saint et devenu « spirituel », c’est-à-dire pleinement soumis à l’Esprit.

Pour nous bien sûr, cette sanctification n’est pas achevée, comme le dit Saint Paul :

Rm 8, 23:  « Nous aussi, en nous-mêmes, nous gémissons ; nous avons commencé à recevoir l’Esprit Saint, mais nous attendons notre adoption et la rédemption de notre corps. »

Nous appartenons encore au vieux monde par notre corps matériel, mais nous possédons déjà un corps spirituel. Celui-ci nous a été donné avec la grâce divine au baptême, lorsque nous avons « revêtu le Christ » comme le dit encore Saint Paul :

Ga 3,27 : «  En effet, vous tous que le baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ. »

Je cite encore Saint Paul qui introduit le vocable « homme nouveau », opposé à l’homme ancien ou charnel :

Col 3,10 : « Vous vous êtes revêtus de l’homme nouveau qui, pour se conformer à l’image de son Créateur, se renouvelle sans cesse en vue de la pleine connaissance. »

Plutôt que d’une « nouvelle création » (Saint Paul), Saint Jean parle plutôt d’une « nouvelle naissance », d’une « naissance d’en-haut » (Jn 3,3.7), d’une « naissance d’eau et d’Esprit » (Jn 3,5). Mais l’idée est la même : nous participons dès à présent à la Vie du Christ ressuscité, et donc nous sommes déjà ressuscités avec lui et en lui, puisque nous « avons revêtu le Christ » ressuscité pour vivre de sa Vie.

D’où il découle que nous devons vivre selon cette vie nouvelle qui nous a été donnée dans le Christ ressuscité, et qui nous a fait entrer dans le monde nouveau, et non plus selon l’homme ancien, « charnel » qui appartient au vieux monde qui passe :

Col 3, 1-5 : « Si donc vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les réalités d’en haut : c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu. Pensez aux réalités d’en haut, non à celles de la terre. En effet, vous êtes passés par la mort, et votre vie reste cachée avec le Christ en Dieu. Quand paraîtra le Christ, votre vie, alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui dans la gloire. Faites donc mourir en vous ce qui n’appartient qu’à la terre : débauche, impureté, passion, désir mauvais, et cette soif de posséder, qui est une idolâtrie. »

Il s’agit de collaborer avec l’Esprit du Christ ressuscité, lui qui est notre Vie nouvelle, pour nous affranchir toujours plus des comportements anciens dont le Jésus nous a purifiés par sa Rédemption, pour adopter le comportement de l’homme nouveau, recrée ou régénéré dans le Christ ressuscité :

Rm 12, 1-2 : « Je vous exhorte donc, frères, par la tendresse de Dieu, à lui présenter votre corps – votre personne tout entière –, en sacrifice vivant, saint, capable de plaire à Dieu : c’est là, pour vous, la juste manière de lui rendre un culte. Ne prenez pas pour modèle le monde présent, mais transformez-vous en renouvelant votre façon de penser pour discerner quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait. »

Beau programme à réaliser avec l’aide de la grâce :

1 Th 5,24 : «  Il est fidèle, Celui qui vous appelle : tout cela, il le fera.»

Sainte Cérone

Sainte Céronne, une sainte bien de chez nous !

Née à Corneilhan vers 410, elle mourut près de Mortagne-auPerche (Orne) vers 490. Instruite dans la religion chrétienne, la jeune Céronne s’exila en raison de la réticence de ses parents, attachés au paganisme romain.

Elle reçut le baptême en Gascogne, et se fixa près de Romigny, où elle fonda un oratoire voué à St Martin. Elle commença par y mener une vie érémétique, mais les disciples affluant, elle fonda un monastère qui prospéra.

Les moines et moniales de Normandie considèrent Ste Céronne comme la fondatrice et l’initiatrice de la vie monastique dans leur province.

Une invasion des Normands dissipa cependant la communauté vers la fin du IXe s.

Les restes mortels de Céronne furent cachés, et la paix revenue, l’évêque de Sées, Mgr Adelin, procéda à l’élévation du corps de Céronne, ce qui équivaut à l’actuelle canonisation des Saints.

Une église fut édifiée au-dessus du tombeau de Ste Céronne, qui fut embellie au XVIIe s., notamment par un magnifique retable dans lequel les reliques de la Sainte sont exposées.
En 1880, le Père Abbé de Notre Dame de la Trappe (Soligny), dom Etienne Salasc, moine cistercien né à Bédarieux, découvrit la mention de la naissance de Ste Céronne à Corneilhan. Il mit en rapport les curés de Ste Céronne et de Corneilhan ainsi que les
évêques de Sées et de Montpellier.

En 1895, Mgr de Cabrières, évêque de Montpellier, instaura dans son diocèse

le 15 novembre fête de Ste Céronne.

Une chapelle de l’église paroissiale de Corneilhan fut érigée sous son vocable, chapelle dans laquelle est encore conservée de nos jours, une relique de notre Sainte.

(Source : Manuscrit de S Evroult attribué à Orderic Vital,BnF, nouvelles acquisitions latines n. 405, f.193-108)

En ces temps difficiles, troublés,

sachons, comme nos aïeux,

recourir à la protection et à l’aide

de Ste Céronne, la Sainte de notre village !

Q/R-Le symbole du pain sans levain

Dans le livre de l’Exode, le pain sans levain est un symbole pour exprimer la sortie « en hâte » de l’Egypte, sans avoir eu le temps de laisser monter la pâte : Ex 12,34 : « Le peuple emporta la pâte avant qu’elle n’ait levé : ils enveloppèrent les pétrins dans leurs manteaux et les mirent sur leurs épaules. »

Auparavant, ce pain sans levain appartenait à un rituel agraire. Le levain était préparé à partir du pain de la moisson de l’année précédente. Au moment de la nouvelle moisson, on devait éliminer toute trace de l’ancienne moisson, ce qui conduisait à ne manger que du pain non fermenté, à défaut de levain.

Ce levain est devenu le symbole du l’orgueil (qui nous fait « gonfler ») et de l’hypocrisie (faux semblant) des pharisiens, et ainsi le symbole du péché qu’il faut éliminer pour accueillir la nouveauté de la vie dans l’Esprit :

Mt 16,6 : Jésus leur dit : « Attention ! Méfiez-vous du levain des pharisiens et des sadducéens. »

1 Co 5, 6-8 : « Frères, ne savez-vous pas qu’un peu de levain suffit pour que fermente toute la pâte ? Purifiez-vous donc des vieux ferments, et vous serez une pâte nouvelle, vous qui êtes le pain de la Pâque, celui qui n’a pas fermenté. Car notre agneau pascal a été immolé : c’est le Christ. Ainsi, célébrons la Fête, non pas avec de vieux ferments, non pas avec ceux de la perversité et du vice, mais avec du pain non fermenté, celui de la droiture et de la vérité. »

Il est normal qu’un symbole ait plusieurs sens. Le symbole donne à penser précisément en raison de sa polysémie. Il part d’une réalité connue de notre monde, pour parler de ce qui est ineffable parce qu’appartenant au monde de Dieu. Ce faisant, il ouvre sans cesse de nouveaux horizons. Mais les sens doivent bien sûr rester cohérents avec l’ensemble de la Révélation biblique.