Poursuivant notre survol de la Doctrine sociale de l’Eglise, abordons un principe tout à fait central, qui est au cœur des débats contemporains :
Le bien commun : « Toute activité politique et économique de l’Etat doit être ordonnée à la réalisation durable du bien commun, c’est-à-dire des conditions extérieures nécessaires à l’ensemble des citoyens pour le développement de leurs qualités, de leurs fonctions, de leur vie matérielle, intellectuelle et religieuse » (Pie XII, 1942). Il s’agit de rendre accessible à tout homme ce dont il a besoin pour mener une vie vraiment humaine : nourriture, vêtement, habitat ; droit de choisir librement son état de vie, de fonder une famille ; droit à l’éducation, au travail, au respect, à une information convenable ; droit d’agir selon la droite règle de sa conscience ; droit à la sauvegarde de la vie privée et à une juste liberté, y compris en matière religieuse. Ce principe suppose qu’il y ait un gestionnaire dépositaire de l’autorité et de la responsabilité de garantir ce bien commun. Par exemple : les parents au sein d’une famille ; le pouvoir politique au sein d’une nation. Le bien commun est en effet la raison d’être de l’autorité politique : les institutions ont pour finalité de rendre accessibles aux personnes, les biens nécessaires – matériels, culturels, moraux, spirituels – pour mener une vie pleinement humaine. Le bien commun sera interprété non seulement selon les orientations de la majorité des représentants de la volonté populaire, mais en tenant compte de tous les membres de la société, y compris de ceux qui sont en position de minorité. Cette recherche du bien commun dans le cadre de la destination universelle des biens doit se déployer au niveau de l’individu et des corps intermédiaires ; des pouvoirs publics et de la communauté politique ; ainsi que de la communauté internationale (réfugiés, migrants, alimentation, santé, etc.). En raison de l’égale dignité des personnes, il convient en effet qu’à tous les niveaux, les pouvoirs politiques veillent à ce que tous les hommes profitent équitablement des biens de la création, de façon à promouvoir un monde juste et solidaire. Dans son Encyclique Quadragesimo Anno (1931), le pape Pie XI soulignait le lien étroit entre la recherche du bien commun et le principe de la destination universelle des biens : « Il importe d’attribuer à chacun ce qui lui revient et de ramener aux exigences du bien commun ou aux normes de la justice sociale, la distribution des ressources de ce monde, dont le flagrant contraste entre une poignée de riches et une multitude d’indigents atteste de nos jours, aux yeux de l’homme de cœur, les graves dérèglements ».
P. Joseph-Marie