Chers amis,
Chaque année, nous relançons la nouvelle année pastorale au temps des vendanges, qui mobilisent nos paroisses, à majorité viticoles. Le lien avec notre foi devrait être facile à faire : toute la Bible est traversée par des allégories sur la vigne. Aussi devrait-elle être pour nous un rappel constant de l’année liturgique, dont le cycle nous accompagne, comme la vigne marque le rythme de la vie de nos vallées et de nos montagnes. En hiver, autour de la fête de Noël, nos hommes aux doigts brunis et cornés par le travail s’affairent à la taille ; au printemps, lorsque nous célébrons la Pâque du Seigneur, les collines caillouteuses se couvrent d’un vert tendre enchanteur ; puis après un bref temps de floraison qui embaume nos campagnes comme le parfum de l’Esprit de Pentecôte, les grappes apparaissent à l’ombre des sarments, avant de grossir et de se gorger de soleil avec la bénédiction de ND de l’Assomption, dans l’attente de la vendange. Lorsque ce temps béni est enfin arrivé, tout le monde est en effervescence : les machines à vendanger travaillent jour et nuit ; les tracteurs envahissent les routes, trainant leurs bennes débordantes de raisin, et on s’agite dans les caves pour traiter le précieux fruit de la treille, tout cela dans une joyeuse ambiance festive. Ainsi en sera-t-il quand « le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui » (Mt 25, 31) pour récolter le fruit de sa vigne, c’est-à-dire les œuvres de son Eglise accomplies dans l’Esprit. Souvenons-nous en effet que le prophète Isaïe chante l’amour de Dieu pour son peuple en termes de l’attachement d’un vigneron à sa vigne : « Je veux chanter pour mon ami le chant du bien-aimé à sa vigne. La vigne du Seigneur de l’univers, c’est la maison d’Israël. Le plant qu’il chérissait, ce sont les hommes de Juda » (Is 5, 1.7). L’interprétation que donne Jésus de cette allégorie est bien connue : « Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire » (Jn 15, 1.5). Nous faisons partie de la vigne chérie du Père dans la mesure où nous demeurons unis au Christ par la foi, qui nous donne de porter du fruit en abondance.
Je suis sûr que si tout au long de cette année qui s’ouvre devant nous, nous nous laissons « travailler » pour le divin Vigneron, la vendange sera abondante, et même : que la récolte sera un millésime dont on se souviendra ! 🙂