La doctrine trinitaire ne fait qu’expliciter de manière conceptuelle, la Révélation divine offerte et transmise dans les Ecritures – en particulier dans les quatre Evangiles – norme ultime de notre foi.
Nous y découvrons que pour Jésus, être fils c’est vivre dans un accueil continuel des dons du Père et une continuelle action de grâce pour cette relation vivifiante.
Son amour filial est avant tout un amour reconnaissant. En tant que Fils il ne prétend en aucune manière être la source de son être, de sa vie, ni même de son amour.
La source en toutes choses, c’est le Père. Le Fils accepte de tout recevoir, plein de reconnaissance pour le don auquel il s’ouvre avec une infinie gratitude. Ce don c’est à la fois son être, sa vie et son amour pour le Père.
Cette révélation est particulièrement explicitée dans le 4ème évangile. Jésus y est présenté comme :
- se recevant tout entier de son Père, dans son être comme dans son agir,
- et vivant dans une attitude continuelle de reconnaissance, de gratitude filiale :
« Le Père aime le Fils et il a tout remis en sa main » (Jn 3, 35).
Ce n’est pas un simple constat, mais un cri d’émerveillement, une jubilation débordante de reconnaissance. Jésus est plein d’admiration pour la générosité du Père à son égard et pour la confiance que le Père lui témoigne :
« Le Père aime le Fils et lui montre tout ce qu’il fait » (Jn 5, 20).
Et encore :
« Comme le Père a la vie en lui, ainsi a-t-il donné au Fils d’avoir la vie en lui » (Jn 5, 26).
Si le Fils reçoit tout du Père, à commencer par son être, alors ses paroles et ses actions remontent ultimement également au Père :
« Ma doctrine n’est pas de moi, mais de celui qui m’a envoyé » (Jn 7, 16) ;
« Ce que le Père m’a enseigné je le dis » (Jn 8, 28) ;
« Les paroles que j’ai dites c’est comme le Père me l’a dit que je l’ai dit » (Jn 12, 50).
De même pour les œuvres :
« Les œuvres que le Père m’a données pour que je les mène à bonne fin » (Jn 5, 36).
Ou encore parlant au Père :
« L’œuvre que tu m’as donnée de faire » (Jn 17, 4).
Même ses disciples, Jésus les reçoit du Père :
« Ils étaient à toi, tu me les as donnés » (Jn 17, 6).
Et il ajoute :
« Je prie pour ceux que tu m’as donnés parce qu’ils sont à toi. Tout ce qui est à moi est à toi et ce qui est à toi est à moi » (Jn 17, 10).
Sans doute cette dernière phrase est-elle l’expression la plus complète de l’attitude filiale de Jésus, qui associe humilité et gloire :
- l’humilité de celui qui reconnaît qu’il n’a rien de lui-même ;
- et la gloire dans la reconnaissance que le Père l’a établi sur toutes choses.
Toute la vie de Jésus, tout ce qu’il dit et tout ce qu’il fait, exprime cette reconnaissance que tout vient du Père ; cette action de grâce devant la générosité infinie du Père, auquel il s’offre tout entier, dans un élan d’amour réciproque.
Et cet Acte éternel d’Amour réciproque,
- dans lequel le Père engendre le Fils à partir de toute la Substance divine,
- et dans lequel le Fils offre au Père l’unique Substance divine qu’il a reçue de Lui,
est l’Esprit Saint en qui le Père et le Fils sont un :
« Le Père et moi, nous sommes UN » (Jn 10,30).