Résumons notre foi à sa plus stricte expression :
« Je crois en Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, qui me révèle le visage de Dieu son Père, devenu mon Père par le don de l’Esprit Saint ».
Nous croyons qu’en Jésus-Christ, Dieu lui-même s’est approché de nous, nous a révélé son visage ; qu’en lui s’accomplissent les paroles des prophètes ; qu’il est dans toute sa Personne, la plénitude de la révélation, en qui Dieu se donne, pour que nous puissions devenir ses enfants d’adoption.
Accueillir Jésus dans la foi, c’est accueillir Dieu lui-même :
Jn 14,9 : « Celui qui m’a vu a vu le Père. »
Le verbe « voir » dans le quatrième Evangile désigne une connaissance intime, une communion de vie, une inhabitation réciproque :
Jn 15,4 : « Demeurez en moi, comme moi en vous. »
Dieu se fait homme pour que l’homme puisse devenir « participant de la nature divine » (2 P 1,4).
Sommes-nous bien conscients du scandale de l’Incarnation ?
Affirmer que Dieu, l’Infini, l’Eternel, s’abaisse jusqu’à se faire minuscule fœtus dans le sein de la Vierge Marie, qu’il entre dans le temps et se soumet aux vicissitudes du devenir humain, n’est-ce pas blasphématoire ?
Si nous nous référons à la conception d’un Dieu tout-puissant, retiré dans sa transcendance, certes, l’Incarnation semble irrespectueuse de la différence ontologique.
Mais si nous nous en tenons à la « définition » de Dieu que nous donne St Jean, « Dieu est charité » (1 Jn 4,8) – agapé, c’est-à-dire amour-don, totalement gratuit – alors nous pressentons que l’Incarnation est une exigence de l’Amour, qui veut se faire proche, partager les joies et les peines, la vie et la mort des hommes créés à son image et à sa ressemblance :
Ph 2, 5-7 : « Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. »
…pour enseigner aux hommes le chemin vers Dieu :
Jn 14,6 : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. »
Lc 10,22 : « Tout m’a été remis par mon Père. Personne ne connaît qui est le Fils, sinon le Père ; et personne ne connaît qui est le Père, sinon le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler. »
Par tout ce qu’il est – c’est-à-dire ce qu’il dit, ce qu’il fait, ses actions, omissions, réactions… – Jésus nous révèle le vrai visage du Dieu d’amour :
1 Jn 4, 9-10 : « Voici comment l’amour de Dieu s’est manifesté parmi nous : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde pour que nous vivions par lui. Voici en quoi consiste l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés, et il a envoyé son Fils en sacrifice de pardon pour nos péchés. »
La conséquence suit logiquement :
1 Jn 4, 11-13 : « Bien-aimés, puisque Dieu nous a tellement aimés, nous devons, nous aussi, nous aimer les uns les autres. Dieu, personne ne l’a jamais vu. Mais si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et, en nous, son amour atteint la perfection. Voici comment nous reconnaissons que nous demeurons en lui et lui en nous : il nous a donné part à son Esprit. »
A ceux qui croient en son Fils Jésus-Christ, Dieu donne part à l’Esprit d’amour qui nous permet de vivre de sa propre vie, et de devenir ainsi enfants de Dieu :
1 Jn 3,1 : « Voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu – et nous le sommes. »
C’est pourquoi Jésus enseigne à ses disciples d’oser s’adresser à Dieu en l’appelant « Père » :
Mt 6, 9-13 : « Vous donc, priez ainsi : Notre Père, qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour. Remets-nous nos dettes, comme nous-mêmes nous remettons leurs dettes à nos débiteurs. Et ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du Mal. »
Si nous pouvons appeler Dieu notre Père, c’est donc que par la foi, nous avons accès à une vie nouvelle qui vient de lui, ou pour le dire autrement : nous sommes « born again » (nés à nouveau) :
1 P 1,23 : « Dieu vous a fait renaître, non pas d’une semence périssable, mais d’une semence impérissable : sa parole vivante qui demeure. »
Jn 1, 12-13 : « A tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu, eux qui croient en son nom. Ils ne sont pas nés du sang, ni d’une volonté charnelle, ni d’une volonté d’homme : ils sont nés de Dieu. »
C’est cette nouvelle naissance que Jésus annonçait à Nicodème :
Jn 3,5 : « Amen, amen, je te le dis : personne, à moins de naître de l’eau et de l’Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair ; ce qui est né de l’Esprit est esprit. »
Le baptême sacramentel est précisément pour chacun de nous cette nouvelle naissance à la vie divine dans l’Esprit.