« Être ressuscité », cela signifie vivre dans l’intégralité de notre être (y compris notre corps) de la Vie même de Dieu.
Et comme la Vie de Dieu est éternelle (sans commencement ni fin), cela signifie devenir immortel (ne connaissant plus la mort) par le fait même que nous participons à la Vie de Dieu.
Avant la venue du Christ, et depuis le péché originel, nous ne vivions plus que d’une simple vie naturelle, que nous aurons tous à déposer le jour de notre mort. Mais Jésus est précisément venu pour que nous puissions à nouveau accéder à la grâce, ce qui est un autre mot pour dire : participer à la Vie divine.
Le Verbe de Dieu, vivant de la Vie même de Dieu son Père, a assumé notre humanité mortelle, pour la rendre à nouveau capable d’accueillir la Vie filiale divine que nous avions perdue en nous détournant de Dieu notre Père.
Mais bien sûr, pour que notre humanité soit en état de recevoir cette Vie divine, il fallait qu’elle soit au préalable purifiée du péché, ce que Jésus a réalisé par sa Passion d’amour, nous aimant plus fort que toute la haine du monde qui se déchainait contre lui, et à laquelle nous avons participé par notre péché.
Aussi au matin de Pâque, lorsqu’il sort du tombeau, Jésus ne revient pas comme Lazare à une vie naturelle : il vit dans tout son être, y compris son corps, de la Vie même de Dieu, et ne peut donc plus mourir. Il était de toute éternité uni au Père dans l’Esprit en tant que Verbe ; maintenant il est uni au Père dans l’Esprit en tant que Verbe incarné : la chair assumée, purifiée, sanctifiée, est en quelque sorte entrée dans la Trinité.
Ce qui signifie que Lazare n’est pas « ressuscité », même si nous employons (à tort) ce vocable : il est simplement revenu à la vie naturelle, qu’il devra déposer un jour ou l’autre. Il ressuscitera au dernier Jour, lorsque le Christ viendra accomplir toutes choses, et que la création toute entière deviendra participante de la nature divine, puisque tel est bien le projet de Dieu :
Rm 8, 19-23 : « La création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu. Car la création a été soumise au pouvoir du néant, non pas de son plein gré, mais à cause de celui qui l’a livrée à ce pouvoir. Pourtant, elle a gardé l’espérance d’être, elle aussi, libérée de l’esclavage de la dégradation, pour connaître la liberté de la gloire donnée aux enfants de Dieu. Nous le savons bien, la création tout entière gémit, elle passe par les douleurs d’un enfantement qui dure encore. »
Quand le Seigneur dit dans l’Apocalypse : « Voici je fais toutes choses nouvelles » (Ap 21,5), il signifie que par le Christ, il sanctifie la création jusque dans la dimension matérielle ; et cette transformation est si radicale, qu’elle est comparée par Saint Paul à une nouvelle création.
Ainsi le Corps du Christ ressuscité est un Corps « glorieux » ou encore « spirituel » ; c’est le même corps que celui qu’il a reçu de la Vierge Marie, mais pleinement transfiguré par l’Esprit Saint et devenu « spirituel », c’est-à-dire pleinement soumis à l’Esprit.
Pour nous bien sûr, cette sanctification n’est pas achevée, comme le dit Saint Paul :
Rm 8, 23: « Nous aussi, en nous-mêmes, nous gémissons ; nous avons commencé à recevoir l’Esprit Saint, mais nous attendons notre adoption et la rédemption de notre corps. »
Nous appartenons encore au vieux monde par notre corps matériel, mais nous possédons déjà un corps spirituel. Celui-ci nous a été donné avec la grâce divine au baptême, lorsque nous avons « revêtu le Christ » comme le dit encore Saint Paul :
Ga 3,27 : « En effet, vous tous que le baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ. »
Je cite encore Saint Paul qui introduit le vocable « homme nouveau », opposé à l’homme ancien ou charnel :
Col 3,10 : « Vous vous êtes revêtus de l’homme nouveau qui, pour se conformer à l’image de son Créateur, se renouvelle sans cesse en vue de la pleine connaissance. »
Plutôt que d’une « nouvelle création » (Saint Paul), Saint Jean parle plutôt d’une « nouvelle naissance », d’une « naissance d’en-haut » (Jn 3,3.7), d’une « naissance d’eau et d’Esprit » (Jn 3,5). Mais l’idée est la même : nous participons dès à présent à la Vie du Christ ressuscité, et donc nous sommes déjà ressuscités avec lui et en lui, puisque nous « avons revêtu le Christ » ressuscité pour vivre de sa Vie.
D’où il découle que nous devons vivre selon cette vie nouvelle qui nous a été donnée dans le Christ ressuscité, et qui nous a fait entrer dans le monde nouveau, et non plus selon l’homme ancien, « charnel » qui appartient au vieux monde qui passe :
Col 3, 1-5 : « Si donc vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les réalités d’en haut : c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu. Pensez aux réalités d’en haut, non à celles de la terre. En effet, vous êtes passés par la mort, et votre vie reste cachée avec le Christ en Dieu. Quand paraîtra le Christ, votre vie, alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui dans la gloire. Faites donc mourir en vous ce qui n’appartient qu’à la terre : débauche, impureté, passion, désir mauvais, et cette soif de posséder, qui est une idolâtrie. »
Il s’agit de collaborer avec l’Esprit du Christ ressuscité, lui qui est notre Vie nouvelle, pour nous affranchir toujours plus des comportements anciens dont le Jésus nous a purifiés par sa Rédemption, pour adopter le comportement de l’homme nouveau, recrée ou régénéré dans le Christ ressuscité :
Rm 12, 1-2 : « Je vous exhorte donc, frères, par la tendresse de Dieu, à lui présenter votre corps – votre personne tout entière –, en sacrifice vivant, saint, capable de plaire à Dieu : c’est là, pour vous, la juste manière de lui rendre un culte. Ne prenez pas pour modèle le monde présent, mais transformez-vous en renouvelant votre façon de penser pour discerner quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait. »
Beau programme à réaliser avec l’aide de la grâce :
1 Th 5,24 : « Il est fidèle, Celui qui vous appelle : tout cela, il le fera.»