La saison d’automne nous rappelle l’automne de la vie ; et ceci avec d’autant plus de réalisme que le mois de novembre est traditionnellement consacré à la mémoire des défunts. Il ne faudrait pas pour autant faire de l’automne de notre vie une saison triste : il s’agit tout au contraire d’une étape particulièrement belle, qu’il s’agit de vivre en plénitude. Gilbert Cesbron écrivait : « C’est peut-être la plus fertile des saisons et la plus douce aux yeux. Un étrange soleil s’y laisse regarder en face, il éclaire notre visage, notre visage définitif. On en voit mieux les rides, bien sûr, mais il dépend de nous que ce soient celles de la peur ou celles du sourire ; elles, elles ne se ressemblent pas» (Passé un certain âge).
Si nous passons notre automne à appréhender les gelées de l’hiver, nous ne vivrons pas le temps qui nous est donné, et nous risquons de passer à côté de ses richesses. Pour Louis Evely, « l’automne de l’existence c’est le moment de s’arrêter pour voir toutes les couleurs, goûter toutes les senteurs, toutes les richesses de la nature et de la vie. Et si nous avons vécu jusqu’ici un peu morts, nous préparer au moins à mourir vivants » (Chaque jour est une aube).
L’automne de la vie, c’est l’âge de la tendresse. L’âge de l’amour est passé, la tendresse peut pleinement s’épanouir. C’est en regardant une grand-mère avec ses petits-enfants qu’on découvre ce qu’est la tendresse.
L’âge de la prière aussi, car la prière n’est rien d’autre qu’un élan de tendresse vers Dieu. La prière d’automne est le secret de la sérénité et de l’allégresse, en un mot de la jeunesse de cœur des personnes qui ont quitté la vie active et ont accepté d’entrer dans la phase contemplative de leur existence.
Elles sont alors devenues des « veilleurs » qui gardent leur lampe allumée pour accueillir le Fils de l’homme quand il viendra : « Reste avec nous Seigneur car le soir approche » (Lc 24, 29). Elles se préparent, non pas à mourir, mais à « entrer dans la vie » (Sainte Thérèse de Lisieux), et dans la vie en plénitude.
Bien vieillir, n’est-ce pas oser enfin nous engager sur le chemin des béatitudes, auxquelles l’automne de la vie nous prédispose naturellement ?