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Chers amis,
Le 11 février 1858, la Vierge Marie apparaissait pour la première fois à une pauvre petite bergère, venue ramasser du bois au bord du Gave, à la sortie de Lourdes. Avant de connaître son identité, Bernadette décrivit « Aquero » comme « uno pétito damizélo » ; une jeune fille de son âge (elle lui donnait environ 12 ans), guère plus grande qu’elle (1m 40 !). Souriante, riant même lorsque la voyante lui jette de l’eau bénite, Aquero se comporte avec beaucoup de courtoisie et même de respect : « Voulez-vous avoir la grâce de venir ici pendant quinze jours ? » C’était bien la première fois de sa vie que quelqu’un vouvoyait la fille Soubirous et lui manifestait une telle déférence !
Bientôt la « jeune fille » et la bergère vont entrer dans une relation personnelle intime, imprégnée d’une joie profonde qui transparaît sur le visage de la voyante durant ces rencontres privilégiées avec le ciel. Hélas la fraîcheur, la jeunesse et la simplicité de cette manifestation divine, ne plûrent pas aux clercs de l’époque. Bernadette eut beau protester avec vigueur : ces messieurs imposèrent leur vision de la manière dont il convenait que la Vierge Marie se présentât lorsqu’elle vient nous honorer de sa présence. Se souvenant de la haute stature et des allures maternelles de la Dame des apparitions de la Salette et de la rue du Bac, impressionnés sans doute par la déclaration « Qué soy era immaculada councepciou », nos théologiens ont décrété que Marie devait avoir au moins une vingtaine d’années. Bientôt le sculpteur Fabish – qui avait pourtant longuement interrogé Bernadette – immortalisa l’apparition sous les traits d’une femme mûre, dans laquelle la voyante n’a jamais reconnu sa « pétito damizélo ». J’ai pourtant lu quelque part : « Amen, je vous le dis : si vous ne changez pas pour devenir comme les petits enfants, vous n’entrerez point dans le Royaume des cieux » (Mt 18, 3). Pourquoi nous sentons-nous obligés de prendre des airs sérieux de « grandes personnes », et des mines renfrognées de « doctes professeurs » lorsque nous parlons de Dieu ou de la Vierge ? Le Dieu grincheux n’existe que dans les consciences grincheuses : au ciel – c’est-à-dire « de vrai » – il est éternellement jeune et joyeux ! Demandons plutôt à sainte Bernadette de nous apprendre à accueillir la jeunesse de l’Esprit, qui par Marie veut répandre dans nos cœurs et nos corps blessés certes, mais appelés à la Vie, la consolation de lui appartenir totalement : « Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que vous soyez comblés de joie » (Jn 15, 11).