Nous avons insisté dans notre dernière méditation sur le fait que le baptême doit être assimilé à une nouvelle naissance :
Jn 3, 5-6 : « Amen, amen, je te le dis : personne, à moins de naître de l’eau et de l’Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair ; ce qui est né de l’Esprit est esprit. »
Naître de l’Esprit, signifié par l’eau baptismale, c’est naître de la vie même de Dieu, par l’action de sa Parole vivante accueillie dans la foi :
1 P 1,23 : « Dieu vous a fait renaître, non pas d’une semence périssable, mais d’une semence impérissable : sa parole vivante qui demeure. »
Mais « à être nouveau, agir nouveau » : il convient que l’Esprit devienne le principe d’action de cette vie nouvelle dont il nous a gratifié. Le profond renouvellement intérieur auquel conduit le baptême, devrait donc se traduire dans notre comportement. Ecoutons St Paul encourager les chrétiens de Rome :
Rm 12, 1-2 : « Je vous exhorte donc, frères, par la tendresse de Dieu, : ne prenez pas pour modèle le monde présent, mais transformez-vous en renouvelant votre façon de penser pour discerner quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait. »
« Le monde présent », que ce soit celui de Paul ou le nôtre, distille une manière de penser qui exalte les convoitises et pousse à la recherche de l’avoir, du pouvoir et de la gloire. A cette idéologie mondaine, St Paul oppose « la volonté de Dieu », qu’il explicite dans une autre lettre :
Col 3, 12-14 : « Puisque vous avez été choisis par Dieu, que vous êtes sanctifiés, aimés par lui, revêtez-vous de tendresse et de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur et de patience. Supportez-vous les uns les autres, et pardonnez-vous mutuellement si vous avez des reproches à vous faire. Le Seigneur vous a pardonnés : faites de même. Par-dessus tout cela, ayez l’amour, qui est le lien le plus parfait. »
Voilà « ce qui est bon, ce qui plait à Dieu, ce qui est parfait ». Tel est le comportement de « l’homme nouveau » (Col 3,10) ; que St Paul oppose à « l’homme ancien » ou « charnel », celui qui appartient au « monde présent » et ne saurait plaire à Dieu. Nous pressentons qu’il y a là un véritable antagonisme qui va nous obliger à choisir notre camp :
Ga 5, 16-17 : « Je vous le dis : marchez sous la conduite de l’Esprit Saint, et vous ne risquerez pas de satisfaire les convoitises de la chair. Car les tendances de la chair s’opposent à l’Esprit, et les tendances de l’Esprit s’opposent à la chair. En effet, il y a là un affrontement qui vous empêche de faire tout ce que vous voudriez. »
La « chair » désigne l’homme dans sa fragilité, marqué par les conséquences du péché, et dont le comportement trahit son appartenance à l’esprit du monde et non de Dieu.
St Paul parle d’un « affrontement » : c’est-à-dire d’un véritable combat spirituel, qui est inscrit au cœur même de la vie de tout baptisé. Le baptême en effet nous a fait renaître à la vie nouvelle de l’Esprit Saint, mais nous accueillons ce germe de vie divine dans une nature humaine blessée par le péché – celui des origines et le nôtre. Aussi sommes-nous divisés en nous-mêmes, sollicités à la fois par l’Esprit de Dieu et par le « Prince de ce monde » qui veut nous maintenir sous sa dépendance. Ce terme désigne « le grand Dragon, le Serpent des origines, celui qu’on nomme Diable et Satan, le séducteur du monde entier » (Ap 12,9), que Jésus est venu vaincre sur son propre terrain :
Jn 16,11 : « Le Prince de ce monde est jugé. »
Puisqu’il est jugé, il est vaincu et nous n’avons plus à le redouter ; à condition de nous appuyer sur la grâce de Dieu, sur la force de l’Esprit Saint, fruit de la Passion victorieuse de Notre Seigneur. C’est précisément le but des « scrutins » au cours du cheminement catéchuménal : actualiser dans nos vies la victoire du Ressuscité sur le Prince de ce monde, afin que nous puissions combattre victorieusement les « tendances de la chair » qui trouvent en nous quelque complicité. Terminons par une exhortation vigoureuse de St Paul nous invitant à la vigilance et au combat spirituel :
Ep 6, 10-18 : « Puisez votre énergie dans le Seigneur et dans la vigueur de sa force. Revêtez l’équipement de combat donné par Dieu, afin de pouvoir tenir contre les manœuvres du diable. Car nous ne luttons pas contre des êtres de sang et de chair, mais contre les Dominateurs de ce monde de ténèbres, les Principautés, les Souverainetés, les esprits du mal qui sont dans les régions célestes. Pour cela, prenez l’équipement de combat donné par Dieu ; ainsi, vous pourrez résister et tout mettre en œuvre pour tenir bon. Oui, tenez bon, ayant autour des reins le ceinturon de la vérité, portant la cuirasse de la justice, les pieds chaussés de l’ardeur à annoncer l’Évangile de la paix, et ne quittant jamais le bouclier de la foi, qui vous permettra d’éteindre toutes les flèches enflammées du Mauvais. Prenez le casque du salut et le glaive de l’Esprit, c’est-à-dire la parole de Dieu. En toute circonstance, que l’Esprit vous donne de prier et de supplier : restez éveillés, soyez assidus à la supplication pour tous les fidèles. »