KTQ – Au cœur de la Bonne Nouvelle : la Résurrection, ou la victoire de l’Amour sur le péché et la mort (9)

Dieu se fait homme (premier scandale) ; il assume notre condition humaine jusque dans notre mort (deuxième scandale) ; mais loin d’être vaincu par la mort comme nous le sommes, il en triomphe au matin de Pâques : il roule la pierre de son tombeau, et par le fait même du nôtre.

Sa victoire est en effet la nôtre puisque c’est notre humanité qu’il a assumée en toutes choses, jusque dans la mort. Le Vivant est descendu dans les ténèbres de notre mort pour y introduire la lumière de sa présence vivifiante.

Les Juifs croyaient en une résurrection des morts, mais à la fin des temps, comme le confesse Marthe devant le tombeau de son frère Lazare :

Jn 11, 23-24 : « Jésus lui dit : “Ton frère ressuscitera. Marthe reprit : “Je sais qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour”. »

Mais ce n’est pas ainsi que Jésus l’entend. Il affirme tout au contraire :

Jn 11, 25-26 : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? »

Jésus ne pouvait pas dire plus clairement que ceux qui croient en lui, lui sont intimement unis, ne formant avec lui qu’un seul corps et un seul esprit ; de sorte que c’est dans leur mort que descend Jésus, et c’est dans sa résurrection qu’il les entraîne au matin de Pâques.

Les récits des apparitions du Christ sont relatés dans les Evangiles, mais le plus ancien témoignage (écrit) de la foi en la résurrection se trouve dans la 1ère lettre de St Paul aux Corinthiens (rédigée vers l’an 55) :

1 Co 15, 3-8 : « Avant tout, je vous ai transmis ceci, que j’ai moi-même reçu : le Christ est mort pour nos péchés conformément aux Écritures, et il fut mis au tombeau ; il est ressuscité le troisième jour conformément aux Écritures, il est apparu à Pierre, puis aux Douze ; ensuite il est apparu à plus de cinq cents frères à la fois – la plupart sont encore vivants, et quelques-uns sont endormis dans la mort –, ensuite il est apparu à Jacques, puis à tous les Apôtres. Et en tout dernier lieu, il est même apparu à l’avorton que je suis. »

Avec cette affirmation de la résurrection du Christ, nous sommes au cœur de notre foi :

1 Co 15, 17-18.20 : « Si le Christ n’est pas ressuscité, votre foi est sans valeur, vous êtes encore sous l’emprise de vos péchés ; et donc, ceux qui se sont endormis dans le Christ sont perdus. Mais non ! le Christ est ressuscité d’entre les morts, lui, premier ressuscité parmi ceux qui se sont endormis. »

Certes nous aurons à passer par la mort, et notre corps, marqué par le péché, connaitra la corruption, mais unis au Christ par la foi, nous participerons à la résurrection de Celui qui est descendu dans notre mort pour nous en délivrer.

Il reste bien sûr bon nombre de questions ouvertes, car c’est un mystère que nous approchons. Déjà les Corinthiens demandaient à St Paul :

1 Co 15,35 : « Comment les morts ressuscitent-ils ? avec quelle sorte de corps reviennent-ils ? »

St Paul répond à partir d’une analogie agraire :

1 Co 15, 36-38 ; 42-44 : « Ce que tu sèmes ne peut reprendre vie sans mourir d’abord ; et ce que tu sèmes, ce n’est pas le corps de la plante qui va pousser, mais c’est une simple graine : du blé, par exemple, ou autre chose. Et Dieu lui donne un corps comme il l’a voulu : à chaque semence un corps particulier. Ainsi en est-il de la résurrection des morts. Ce qui est semé périssable ressuscite impérissable ; ce qui est semé sans honneur ressuscite dans la gloire ; ce qui est semé faible ressuscite dans la puissance ; ce qui est semé corps physique ressuscite corps spirituel ; car s’il existe un corps physique, il existe aussi un corps spirituel. »

L’Apôtre poursuit son argumentation en mettant en perspective les deux Adams : le premier homme, terrestre ; et le Christ, nouvel Adam, qui inaugure la nouvelle création et donc la nouvelle humanité :

1 Co 15, 47-50 ; 53-54.57 : « Il faut en effet que cet être périssable que nous sommes revête ce qui est impérissable ; il faut que cet être mortel revête l’immortalité. Pétri d’argile, le premier homme vient de la terre ; le deuxième homme, lui, vient du ciel. Comme Adam est fait d’argile, ainsi les hommes sont faits d’argile ; comme le Christ est du ciel, ainsi les hommes seront du ciel. Et de même que nous aurons été à l’image de celui qui est fait d’argile, de même nous serons à l’image de celui qui vient du ciel. Je le déclare, frères : la chair et le sang sont incapables de recevoir en héritage le royaume de Dieu, et ce qui est périssable ne reçoit pas en héritage ce qui est impérissable. Il faut en effet que cet être périssable que nous sommes revête ce qui est impérissable ; il faut que cet être mortel revête l’immortalité. Et quand cet être périssable aura revêtu ce qui est impérissable, quand cet être mortel aura revêtu l’immortalité, alors se réalisera la parole de l’Écriture : La mort a été engloutie dans la victoire. Rendons grâce à Dieu qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus Christ. »

La victoire de la Résurrection – notre entière participation à la résurrection du Christ – ne sera pleinement accomplie que lorsque nous aurons revêtu un corps spirituel impérissable (le corps de gloire) que Dieu se réserve de nous donner au Jugement dernier. Le dernier article du Credo de Nicée énonce en effet :

« J’attends la résurrection des morts, et la vie du monde à venir. »

Mais dès à présent, la participation à la résurrection du Christ est effective :

Rm 6, 3-5 : « Ne le savez-vous pas ? Nous tous qui par le baptême avons été unis au Christ Jésus, c’est à sa mort que nous avons été unis par le baptême. Si donc, par le baptême qui nous unit à sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c’est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, comme le Christ qui, par la toute-puissance du Père, est ressuscité d’entre les morts. Car, si nous avons été unis à lui par une mort qui ressemble à la sienne, nous le serons aussi par une résurrection qui ressemblera à la sienne. »

Col 3, 1-4 : « Si donc vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les réalités d’en haut : c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu. Vous êtes passés par la mort, et votre vie reste cachée avec le Christ en Dieu. Quand paraîtra le Christ, votre vie, alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui dans la gloire. »

Dire que nous participons à la résurrection du Christ, signifie que nous vivons de sa vie divine immortelle, c’est-à-dire de l’Esprit Saint, comme le confirme St Paul :

Ga 4,6 : « La preuve que vous êtes des fils : Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos cœurs, et cet Esprit crie “Abba ! ”, c’est-à-dire : Père ! »

La vie dans l’Esprit sera traitée dans une fiche ultérieure.

Disons pour terminer que la foi en la résurrection du Christ et en notre participation à cette résurrection, n’est pas seulement une adhésion à la Révélation objective (la Parole de Dieu), mais aussi une expérience subjective. Tout croyant peut dire avec St Paul :

Ga 2,20 : « Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi. »

Bien sûr cette inhabitation du Christ ressuscité n’est sans doute pas encore aussi plénière en nous que dans la vie de l’Apôtre ; mais tout chrétien qui nourrit sa foi par la prière et les sacrements, et qui ajuste sa vie à ce que demande le Seigneur Jésus-Christ, peut témoigner d’expérience que le Christ vit en lui.