Qui n’a pas dans le creux de l’oreille cette invitation lancée (souvent !) par la Mère, signifiant que le repas est prêt et ne saurait attendre, sous peine de refroidissement et de perte de saveur ! Temps privilégié (- non seulement pour la dégustation -) du rassemblement familial, du partage, de l’échange… (portables éteints !), pause bénéfique dans une journée de travail.
Jésus, lui-même, a dû vivre les journées de son enfance et de sa jeunesse entre apprentissage, travail et repas pris en famille.
Les repas marquent bien le temps et le lieu de nos existences. On se souvient ainsi de repas de fête, étapes importantes qui jalonnent notre vie, qui nous rappellent les richesses de chacun, la joie d’être ensemble. C’est plus qu’un album-photos, c’est ce qui nourrit notre cœur, nous construit. C’est si important que Jésus n’hésite pas à rencontrer ses proches, amis, disciples – voire les infréquentables de son époque – à table ! C’est là qu’Il délivre son message choc, guérissant et soulageant ceux et celles qui attendaient une parole de vie, choquant les bien-pensants parés de leurs certitudes : « Ce ne sont pas les bien portants qui ont besoin de médecin, mais les malades ; … Je suis venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs » (Mt 9, 12-13). « Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu » (Lc 19, 10). Avec Lévi (Matthieu) et Zachée, ce sont deux rencontres singulières qui ouvrent à la multitude.
En arrivant à Béthanie, c’est chez Marthe et Marie que Jésus s’invite. Tandis que Marthe (débordée) s’affaire aux préparatifs du repas, Marie écoute, et « boit » les paroles de Jésus, « la meilleure part qui ne lui sera pas enlevée » (Lc 10, 42) : Un « apéritif » précieux qui laisse penser qu’il va se poursuivre à table !
Il en est ainsi tout au long de l’Évangile : du repas de noces à Cana avec Marie, Sa Mère, à la célébration de la Cène avec ses Apôtres, Jésus signifie aux hommes Son identité, Sa mission.
Son souci de nourrir les hommes ne s’arrête pas à quelques-uns. Ce sont des foules venues l’écouter qu’Il rassasie sur l’herbe fraîche ou dans le désert, pique-niques étonnants où d’un petit rien, Il donne TOUT.
Pour mieux se faire comprendre, Jésus n’hésite pas à employer les paraboles, qui nous révèlent le Père, infiniment miséricordieux, nous attendant avec patience et tendresse. C’est le retour du fils prodigue (Lc 15, 11-32) et les invités au festin nuptial (Mt 22, 1-14).
Tous, nous sommes invités à y prendre place pour découvrir l’immensité de l’amour de Dieu.
Multiplions les occasions de nous mettre à table, dans nos familles, avec nos amis, là où le rassemblement veut dire joie, partage, amitié. Et surtout n’oublions pas : « Heureux les invités au festin ! » n’est-ce pas là que Jésus nous attend ?, pour faire Corps avec nous et Le rendre visible à ceux qui nous entourent ? « A vous d’en être les témoins » (Lc 24, 35-48)