Le 1er novembre, nous célébrons nos frères aînés dans la foi, qui ont atteint le bonheur en Dieu. (Apparue vers l’an 800, cette solennité prit une telle importance qu’au XVe siècle, elle était suivie d’une octave – c’est-à-dire qu’elle se fêtait sur 8 jours.) Le lendemain l’Eglise nous invite tout à fait logiquement à nous souvenir de ceux qui ont déjà passé la mort, mais poursuivent encore leur route vers la plénitude de ce bonheur. Si la fête de la Toussaint est toute rayonnante de joie, celle-ci est plus recueillie, car nous sommes invités à prier pour abréger les souffrances de ceux qui sont certes déjà entrés dans la lumière de la vie, mais qui n’ont pas encore entièrement achevé leur purification dans le Feu de la Charité divine. C’est en effet le désir brûlant de Dieu, qui va libérer progressivement l’âme de ce qui l’empêche de se jeter dans les bras de son Seigneur, pour trouver en lui sa béatitude.
La doctrine du « purgatoire » s’enracine dans l’Ancien Testament : deux siècles avant J-C, le second livre des Maccabées (12,46) témoigne de la croyance en la valeur et en l’efficacité de la prière pour les défunts. L’offrande faite par Juda Maccabée en faveur des soldats tombés au combat, sur lesquels on avait trouvé des objets idolâtriques, prouve en effet qu’il croyait en la possibilité d’une purification de l’âme par-delà la mort. L’Eglise primitive a fait sienne cette doctrine et a développé dès le second siècle la prière pour les défunts. Cette pratique va prendre de l’ampleur vers le Xe siècle, lorsque Saint Odilon, cinquième Abbé de Cluny, introduira la fête de la commémoration de tous les fidèles défunts au lendemain de la Toussaint – dans le but d’intensifier notre prière en leur faveur. En Occident, les conciles œcuméniques de Florence au XVe s. et de Trente au XVIe s. ont défini de manière dogmatique l’existence du purgatoire : « Instruite par l’Esprit Saint et puisant à la Sainte Ecriture et à l’antique Tradition des Pères, l’Eglise catholique a enseigné dans les Saints Conciles qu’il y a un lieu de purification (purgatorium) et que les âmes qui y sont détenues sont aidées par les suffrages des fidèles mais surtout par le Sacrifice de l’Autel agréable à Dieu ». Cette doctrine fut confirmée par le Concile Vatican II : « Cette foi vénérable de nos pères en la communion de vie qui existe avec nos frères déjà en possession de la gloire céleste, ou en voie de purification après leur mort, le Saint Concile la recueille avec grande piété » (Constitution dogmatique sur l’Église : Lumen Gentium, 51).
Prions donc avec ferveur pour nos défunts, afin qu’ils obtiennent la rémission des peines dues à leurs péchés et puissent entrer dans la plénitude de la gloire divine.