Le mois de la Sainte Famille
Le mois de mai est traditionnellement consacré à la Vierge Marie, mais il s’ouvre par la solennité de Saint Joseph ouvrier : n’est-ce pas une invitation à ne pas séparer ce que Dieu a uni, et à nous mettre, durant ce beau mois de printemps, à l’école de la Sainte Famille ? Une fois n’est pas coutume : nous pourrions vivre cette année la Pentecôte à Nazareth plutôt qu’à Jérusalem !
La discrétion des Évangiles sur ces trente années de vie cachée est étonnante : les évangélistes nous parlent abondamment des trois années de vie publique de Jésus, et surtout des trois jours de sa Pâque, mais ne nous dévoilent presque rien de ce temps d’enfouissement préparatoire à Nazareth. Si nos auteurs inspirés ne ressentent pas le besoin de s’étendre sur cette période du pèlerinage terrestre du Verbe incarné, n’est-ce pas parce que rien n’a différencié la vie de Joseph, Marie et Jésus de celle de leurs concitoyens, et plus largement : de la vie de la plupart d’entre nous? Or ceci constitue en soi une leçon dont nous ne pouvons pas sous-estimer l’importance : que fait le Fils de Dieu en venant en ce monde ? Il partage notre vie quotidienne, il participe aux activités de son village, exerce le métier de charpentier. Rien ne distingue la Sainte Famille des autres familles de Nazareth, sinon sa discrétion, son honnêteté, son amabilité, sa piété – autant de vertus auxquelles nous sommes tous appelés.
Saint Polycarpe cite un document qui vantait « la solidité des charrues sorties de l’atelier de Jéshoua ben Jossef de Nazareth ». Quelle belle leçon de vie : Dieu ne nous demande rien d’autre que de bien faire ce qui nous est confié ; de faire ce qui est à notre portée, de tout notre cœur, par amour et pour la gloire de notre Dieu et Père : « Tout ce que vous dites, tout ce que vous faites, que ce soit toujours au nom du Seigneur Jésus, en offrant par lui votre action de grâce à Dieu le Père » (Col 3,17) ; et encore : « Tout ce que vous faites : manger, boire, ou toute autre action, faites-le pour la gloire de Dieu » (1 Co 10,31).
Nazareth est le printemps de la vie de Jésus ; pourquoi ne frapperions-nous pas en ce beau mois de mai, à la porte du charpentier de Nazareth, pour y demeurer avec Jésus, entre Marie et Joseph, et grandir comme lui « en sagesse, en taille et en grâce, devant Dieu et devant les hommes » (Lc 2,52)